Une source de sérotonine dans l’os

Publié le 02/02/2012
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Crédit photo : INSERM

La sérotonine, neuromédiateur cérébral, a aussi des fonctions importantes dans de nombreux tissus périphériques. Elle circule dans l’organisme à des taux « extrêmement faibles » ; elle est en grande partie stockée dans les plaquettes et n’est disponible dans les organes périphériques que si elle est relarguée lors de l’activation de ces plaquettes.

La sérotonine fait également l’objet d’un débat quant à son rôle sur le tissu osseux. Les résultats obtenus sont en effet contradictoires.

L’équipe de Marie-Christine de Vernejoul a donc souhaité en savoir plus. Et, surprise, elle a découvert chez la souris que les effets sur le tissu osseux ne sont pas dûs à la sérotonine circulante mais à une production locale de sérotonine, par les ostéoclastes. Celle-ci agit directement sur les cellules qui la produisent, en augmentant leur différenciation. Cette production locale de sérotonine fait partie d’un processus normal et contribue elle aussi à maintenir l’équilibre entre formation et destruction osseuse.

Cette sérotonine locale produite par les ostéoclastes est bien plus importante pour le tissu osseux que la sérotonine circulante, ce qui expiquerait les conclusions différentes observées jusqu’à présent.

De plus, les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine ainsi que certains récepteurs de la sérotonine. Dès lors, les médicaments qui agissent sur le transporteur de la sérotonine (comme les antidépresseurs) ou sur les récepteurs de la sérotonine (comme les antimigraineux) pourraient donc modifier la dégradation du tissu osseux. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur cet « équilibre précieux » entre dégradation et formation d’os.

L’équipe INSERM va chercher à savoir si la production de sérotonine par les ostéoclastes est augmentée par la carence en estrogènes. Si oui, cela pourrait signifier que la sérotonine joue un rôle dans l’ostéoporose de la femme ménopausée.

Yasmine Chabbi Achenglia et coll., Proc Natl Acad Sci USA, janvier 2012.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr