L A technique de groupage Rhésus génotypique sur le liquide amniotique est d'ores et déjà à la disposition des équipes obstétricales de la région parisienne. Elles peuvent y recourir dans le cadre des indications d'amniocentèse pour des raisons de dépistage d'anomalies chromosomiques chez les femmes Rhésus négatif. Une étude est en cours pour déterminer si ce génotypage de l'ADN ftal est possible à partir d'un prélèvement sanguin maternel, sur des cellules ou de l'ADN ftal. L'étude porte sur 1 000 femmes Rhésus négatif testées en début de grossesse. Les premiers résultats apparaissent satisfaisants. L'application de la technique du génotypage Rhésus pourrait permettre, en dépistant les ftus Rhésus positifs portés par des mères Rhésus négatif, d'améliorer le ciblage de l'immunoprophylaxie par gammaglobulines.
Après avoir mis au point la technique, les chercheurs l'ont d'abord testée sur de l'ADN ftal provenant de cellules extraites du liquide amniotique. Une étude a été conduite sur une série de 437 liquides amniotiques provenant d'amniocentèses indiquées pour différentes raisons. La validation de cette technique de génotypage a été fournie par la comparaison des résultats avec ceux du groupage traditionnel des nouveau-nés.
Incompatibilité : 70 000 femmes par an en France
Le risque d'incompatibilité Rhésus fto-maternelle concerne environ 9 % des grossesses en France, soit 70 000 femmes par an. Une femme Rhésus négatif peut porter un ftus Rhésus positif lorsque le père est Rhésus positif. En cas de passage du sang ftal dans la circulation maternelle, des anticorps contre le « facteur D » sont élaborés par la mère. Le facteur D est une protéine-antigène portée à la surface des globules rouges par 85 % de la population (Rhésus positif) et absente dans 15 % des cas (Rhésus négatif). Ces anticorps anti-D vont demeurer dans le sang de la mère (allo-immunisation). Lors d'une grossesse ultérieure, ils peuvent traverser la barrière placentaire et, ciblant les hématies du bébé, provoquer une anémie hémolytique du nouveau-né.
Gammaglobulines anti-D
La prophylaxie appliquée actuellement consiste à injecter des gammaglobulines anti-D par voie intraveineuse chez toute femme Rhésus négatif ayant accouché d'un enfant Rhésus positif, dans les 72 heures suivant l'accouchement. On détruit ainsi les hématies de l'enfant présentes dans le sérum maternel et on empêche l'élaboration des anticorps. Mais les gamma-globulines anti-D sont efficaces uniquement pour éviter l'immunisation. Après, c'est trop tard.
La maladie par incompatibilité Rhésus fto-maternelle est devenue plus rare depuis l'utilisation du serum anti-D. Les gammaglobulines sont spontanément éliminées après quelques semaines. Le prophylaxie doit dont être répétée lors d'une grossesse ultérieure.
La maladie hémolytique peut provoquer le décès de l'enfant in utero ou à la naissance. Il peut être évité par la transfusion ou l'exsanguino-transfusion. Dans les formes moins graves, on traite l'ictère par photothérapie.
Le test de Coombs
Chez toute femme enceinte Rhésus négatif, on pratique un test de Coombs tous les mois à partir du 6e mois de grossesse, par prélèvement sanguin, pour surveiller l'apparition des agglutinines.
Quinze pour cent des femmes enceintes sont Rhésus négatif et 60 % d'entre elles portent un enfant Rhésus positif. Les hématies ftales peuvent passer dans le sang maternel non seulement à la suite de gestes obstétricaux, mais aussi de manière spontanée au cours de la grossesse.
En dépit de la prévention, le risque d'incompatibilité Rhésus fto-maternelle existe toujours (un enfant sur mille) et on compte un taux de mortalité de 1 % à 5 % en présence de la maladie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature