I L y avait beaucoup de films asiatiques cette année au festival de Cannes, mais, dans la sélection officielle, un seul venu de Chine continentale, de Jiang Wen, un acteur connu (« Le Sorgho rouge », « Keep cool »), surnommé « le Depardieu chinois », qui, à 37 ans, signait sa deuxième réalisation.
Se souvenant des histoires de « démons japonais », qui, dans son enfance dans le Nord de la Chine, se mêlaient aux évocations de fantômes, Jiang Wen, né en 1963, filme les rapports mouvementés d'un village isolé avec l'occupant japonais, peu avant la fin de la guerre. S'il évoque des violences et des horreurs sanglantes, c'est un film drôle. Ou comment des villageois ne parviennent pas à se débarrasser, ni vivants, ni morts, de deux prisonniers, un Japonais et un interprète chinois, qui leur ont été mystérieusement confiés. Les palabres des hommes, la naïveté de la plupart, le fossé culturel entre les Japonais et les Chinois et les déboires souvent burlesques du sympathique héros, joué par Jiang Wen lui-même, font souvent sourire, sous la dénonciation de l'embrigadement et de la cruauté de la guerre.
Tourné en noir et blanc parce que cela rappelle les photographies d'époque, dans un superbe lieu au dessus d'un lac, « les Démons à ma porte » serait cependant plus convaincant s'il était moins long (mais, depuis le festival, il a été raccourci de 20 minutes et ne dure « plus que » deux heures vingt).
A Cannes, le film a obtenu le Grand Prix du jury. Mais il avait été présenté au festival avant d'avoir obtenu le visa de la censure chinoise. Le cinéaste, qui partage son temps entre la Chine et la France (sa femme est française) aurait été interdit de tournage pendant trois ans et son film ne sera pas distribué en Chine. « Les Chinois ne haïssent pas les soldats japonais comme ils le devraient », aurait estimé le Bureau du film. « La Chine a fait des progrès en vingt ans de réforme et d'ouverture au monde, mais l'idéologie reste en décalage par rapport à l'évolution mondiale », déclarait pour sa part le cinéaste à l'AFP.
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