À ce jour, l’Alsace ne souffre aucunement des problèmes de démographie médicale qui affectent ses consœurs. Densément peuplée, elle bénéficie d’un maillage hospitalier tel qu’aucun Alsacien ne serait situé à plus de vingt minutes d’un établissement de santé. L’agence régionale de santé (ARS) s’offre donc le luxe rare d’anticiper les déficits à venir : « La situation est bonne, mais à nuancer selon les territoires. On note ainsi une dégradation du nombre de médecins et de paramédicaux du nord au sud de la région. Et nous enregistrerons une baisse de 15 % de la densité médicale en 2025, ce dont nous tenons compte pour organiser l’offre de soins des cinq à dix années prochaines », explique Laurent Habert, directeur de l’ARS. Plus qu’attirer des professionnels de santé, l’ARS se concentre donc sur l’évolution de la formation et de l’exercice hospitalier, ainsi que sur la coopération entre établissements.
« L’ARS peut jouer un rôle d’incitation »
La Haute-Normandie ne jouit pas d’une telle chance : son plan de travail implique des restructurations et l’impérieuse nécessité de pallier les soucis de démographie médicale. À Rouen, Claude d’Harcourt, directeur de l’ARS, se fait donc le héraut de la réforme portée par les ARS : « Pour que l’aspect médical fonctionne bien, une structuration logistique parfaite est nécessaire. Je crois profondément au modèle de l’agence pour réformer l’État. Elle octroie une souplesse de fonctionnement que ne confère pas une administration d’État. Nous avons en outre choisi d’être une administration de gestion pour enraciner la réforme, laquelle est essentielle et intelligente ».
Mais pas de réforme possible sans la confiance des acteurs du secteur, insiste néanmoins Claude d’Harcourt. Pour ce faire, l’ARS de Haute-Normandie prend donc soin de valoriser les actions des professionnels de santé : « Je salue notamment le centre de soins dentaires de Saint-Julien, qui a permis au Havre et à Rouen de créer sept postes, mais également, le centre de soins de proximité ouvert par des libéraux au rez-de-chaussée de l’hôpital de Neufchâtel, ou encore le rapprochement entre l’hôpital et la permanence des soins ambulatoires pour les territoires de Gisors, Eu et Verneuil », énumère ainsi le directeur de l’agence.
Même option en Bourgogne où l’on a particulièrement soigné la concertation avec les professionnels et les usagers pour élaborer le projet régional de santé (PRS) et le décliner sous forme d’actions concrètes. Forte de son expérience en matière de maisons de santé, la Bourgogne prône l’exercice regroupé comme solution pour la médecine libérale : « L’ARS peut jouer un rôle d’incitation à l’élaboration du projet médical de telles structures afin d’obtenir un maillage territorial efficace. Nous avons en outre déployé cinq leviers d’intervention dans le cadre du PRS : la formation, l’aide à l’installation, l’encouragement à l’exercice regroupé, le développement de la coopération entre professionnels médicaux et paramédicaux ainsi que les nouvelles technologies de l’information et de la communication », explique Monique Cavalier, la directrice de l’ARS. Alors que pour attirer les médecins, l’ARS de Haute-Normandie se propose d’utiliser les contrats d’engagement public, encore peu usités, son homologue dijonnaise mise quant à elle sur les contrats locaux de santé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature