Début mai, la fédération CGT Santé et Action Sociale avait dévoilé les premiers résultats d'une enquête qui avançait le chiffre de 12 000 soignants contaminés par le Covid-19 dans les établissements de santé. À l'occasion d'une visioconférence de presse ce mercredi 3 juin, la centrale syndicale a rendu public de nouvelles données issues de la même enquête. Celles-ci précisent le niveau de contamination et pointent des lacunes dans le dépistage et le suivi des agents notamment par les services de médecine du travail.
Réalisée entre le 20 et le 27 avril auprès de 356 syndicats locaux regroupant environ 550 000 salariés − soit un quart des personnels au niveau national −, l'enquête détaille les conditions dans lesquelles ont été contaminés les personnels. Pour 34 % d'entre eux, la contamination a eu lieu dans les structures d'hospitalisation Covid-19, pour 18 % aux urgences et pour 14 % dans les réanimations.
Des difficultés d'accès au dépistage
Mais le plus préoccupant pour la CGT reste l'accès au dépistage pour les salariés. 55 % des syndicats déclarent des difficultés pour faire tester leurs collègues. Parmi eux, 45 % font état d'un refus de mettre en place le dépistage systématique. Quand il est avéré, ce refus est la plupart du temps une décision de la direction (72 %).
Les syndicats pointent aussi la responsabilité de la médecine du travail qui serait pour 23 % des cas à l'origine du refus. Dans seulement 38 % des cas, les salariés dépistés ont fait l'objet d'un suivi par la médecine du travail. Ce chiffre descend à 17 % dans les petites structures et monte à 70 % dans les grands établissements.
« La médecine du travail a-t-elle effectué un recensement des personnels dits fragiles ? », interroge le syndicat ? Oui, à 62 % dans les grands établissements, mais seulement à 46 % dans les moyens. Et non à 48 % dans les petites structures, notamment du secteur social et médico-social. La CGT dénonce ainsi « les défaillances de la médecine du travail » et appelle à une meilleure reconnaissance des personnels malades. « Dans le public, la médecine du travail n'a pas été à la hauteur de ses missions », tance Astrid Petit, sage-femme et délégué CGT à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
« Nous attendons de vraies négociations »
Dix jours après le lancement du Ségur de la santé, la fédération exprime des doutes quant aux résultats à attendre de cette grande concertation à laquelle ils sont partie prenante. Ses représentants sont-ils tentés pour autant de claquer la porte comme leurs homologues de SUD ? Pas pour l'instant mais Laurent Laporte, cadre de santé et secrétaire de l'Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres et techniciens CGT (UFMICT-CGT), se veut ferme : « On ne se satisfera pas de grandes déclarations d'intentions, nous attendons de vraies négociations ».