L’Ordre des médecins est souvent sous les feux de la rampe du fait de décisions parfois mal comprises par les confrères, mais aussi du fait d’erreurs parfois coupables (cas par exemple d’un chirurgien pédophile qui a pu exercer, et continuer de violer des patients sans crainte de condamnation ordinale).
Au-delà de critiques parfois acerbes qui mettent à mal cette institution fréquemment assimilée à un tribunal par les collègues, nous avons appris dernièrement la nomination d’un nouveau membre qui va diriger cette grande maison.
Une volonté de réformer
Le Pr Oustric va durant quelques années donner une feuille de route au Cnom, et il souhaite visiblement réformer cet énorme paquebot. Ce dernier s’est récemment exprimé dans les colonnes du Quotidien pour expliquer qu’il souhaite que le médecin soit le « centre du village ».
Il est vrai que nous assistons depuis quelques années à des changements en ce qui concerne la pratique des professionnels de santé. De nombreuses délégations des charges sont actées (une collaboration avec les autres soignants a été validée par l’ancien président de l’Ordre, ce qui a fait couler beaucoup d’encre) afin de pallier la pénurie de médecins.
Une nouvelle fois nous ne pouvons qu’être très en colère vis-à-vis d’une situation que nos parlementaires de tout bord ont volontairement laissé pourrir avec la non-augmentation du numerus clausus. Cependant nous devons prendre en compte une situation parfois difficile pour nos concitoyens.
Nous ne devons pas oublier qu’elle est également difficile pour de nombreux médecins libéraux à accepter du fait de leur humanisme. Certains tentent parfois, avec de grandes difficultés, à atténuer en se sacrifiant. C’est ainsi que des associations comme Médecins Solidaires ont été créées dans des zones en mal de professionnels de santé. Des médecins actifs, mais aussi des retraités prennent leur bâton de pèlerin pour venir au secours de populations en grande difficulté.
En parallèle d’autres n’hésitent pas à se déplacer durant leur période de repos dans des zones où les médecins sont absents. Ces actions tout à fait louables, même si leur pérennité peut être remise en question sur un moyen terme, doivent nous faire réfléchir sur les actions des politiques assoiffés souvent de reconnaissance et de pouvoir. Pour donner le change à une situation parfois difficilement acceptable pour nos concitoyens, ces élus tentent de trouver des solutions afin de pallier un manque de médecin trop criant (ils pensent également à leur crédibilité, et à leur image surtout).
Il y a quelques semaines de cela le Quotidien a relaté dans un article les pérégrinations de confrères à bord « d’un médico-bus ». À la lecture de cette chronique, j’ai été quelque peu stupéfait par le fait que les médecins intervenant dans cette « 3e dimension » sont heureux de prendre en charge une moyenne de 5 à 6 patients par jour.
Outre cette action quelque peu limitée en ce qui concerne la prise en charge de patients, nous devons avoir une pensée concernant le coût d’une telle entreprise forcément déficitaire sur un plan financier. Ne serait-il pas plus utile dans ce cas de poster les confrères dans une unité de campagne, et déplacer les patients vers cette structure ?
Très régulièrement le Quotidien se fait l’écho du désarroi de certains édiles locaux qui ne comprennent pas les raisons qui conduisent les médecins à ne pas intégrer des maisons médicales qu’ils ont conçues. Jamais ces maires ne veulent comprendre qu’avant de construire un local pour attirer les professionnels de santé, il est fondamental de demander à ces derniers quelles sont leurs attentes.
L’illustration de ce type d’erreur est une réalité dans un lieu très proche de mon cabinet. Une petite ville de 4 500 habitants afin de permettre une collaboration entre médecins (ils ont des pratiques très différentes les uns des autres) a décidé de construire un pôle médical avec plusieurs bureaux. Sans aucune concertation avec les soignants la disposition des locaux a été actée. Malheureusement la maire n’a pas compris que les médecins ne souhaitaient pas intégrer cette structure car la grande majorité était propriétaire du local professionnel. De plus la conformation de l’unité créée semble à première vue de grande qualité, mais jamais le maire n’a pensé qu’il serait intéressant de disposer les bureaux autour d’un éventuel secrétariat.
Et c’est là que le bât blesse : on oublie que le professionnel de santé doit rester au centre des discussions, et concevoir un lieu d’activité professionnelle. Sans demander l’avis des principaux concernés de tels projets sont voués à un échec prévisible.
Et c’est de cette façon que les politiques doivent prendre en compte le fait que le médecin libéral doit rester au centre du village.
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