La revue Cochrane persiste et signe : la kiné respiratoire ne prouve pas son efficacité dans la bronchiolite de l’enfant de moins de deux ans. Déjà en 2012, une méta-analyse du réseau Cochrane sur huit essais comparatifs randomisés sur les seules bronchiolites hospitalisées était arrivée à cette conclusion décevante.
Mais, le recrutement exclusif de bronchiolites à l’hôpital laissait planer un doute sur la pertinence de la kiné respiratoire dans des cas tout venant. De plus, les critères de jugement tels que la sévérité, la saturation en oxygène ou la fréquence respiratoire n’étaient pas adaptées à l’évaluation en pratique de ville.
→ Cette fois, la revue Cochrane réunit douze essais randomisés regroupant 1 249 patients. Cinq évaluent des techniques de percussion et de vibration, quatre l’augmentation lente du flux expiratoire dite « passive » et trois l’augmentation rapide du flux expiratoire ou « forced » des Anglo-Saxons.
La kinésithérapie par percussion et vibration est sans effet. Il en est de même pour la technique d’expiration passive avec un léger effet bénéfique sur les bronchiolites modérées dans une seule étude. Elle semble la moins mauvaise avec « un bénéfice transitoire chez quelques enfants » sans réduction de la durée de l’épisode de bronchiolite mais sans effet indésirable grave. L’expiration forcée ne prouve pas non plus son intérêt et peut provoquer vomissement, bradycardie et instabilité respiratoire transitoire.
→ Les auteurs concèdent que, dans une étude de bronchiolites modérées, la technique de l’augmentation rapide de l’expiration combinée aux techniques conventionnelles produit un soulagement immédiat des symptômes (une étude, 13 participants). Reste un certain flou autour des modalités de la kiné bien difficiles à standardiser.
Certains y voient une augmentation du flux expiratoire définie par une « expiration active ou passive à plus ou moins haut volume pulmonaire dont la vitesse, la force et la longueur peuvent varier pour trouver le débit optimal nécessaire au désencombrement bronchique ».
→ Dans ses recos, la Haute Autorité de santé en était bien consciente en 2000 : « L’indication de la kinésithérapie respiratoire dans les bronchiolites aiguës du nourrisson est basée sur la constatation de l’amélioration clinique franche qu‘elle entraîne et repose sur un avis d’experts (grade C) ».
→ Les recommandations pointent l’aspect multifactoriel de la kiné respiratoire, un ensemble de facteurs difficiles à appréhender dans un essai contrôlé dépendant aussi des habitudes. « Le kinésithérapeute ne se borne pas à l'exécution de gestes techniques itératifs. Son rôle est essentiel dans la surveillance du nourrisson et l’éducation des familles… Des travaux de validation de cette pratique dans les bronchiolites aiguës du nourrisson doivent être poursuivis et encouragés afin d’obtenir une base scientifique solide ». On les attend avec impatience !
Mise au point
La périménopause
Mise au point
La sclérose en plaques
Etude et Pratique
Appendicite aiguë de l’enfant : chirurgie ou antibiotiques ?
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires