Repères patient

Douleurs chroniques : pas de freins à la prescription antalgique

Publié le 10/04/2009
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La tentation de sous-doser les traitements antalgiques face aux douleurs chroniques existe toujours. Lever ces freins à la prescription en conjurant le spectre de la dépendance aux opiacés et proposer une prise en charge au long cours pour apprendre au patient à contenir ses douleurs participent à une prescription antalgique efficiente.

« Mme L., 62 ans, souffre d'une arthrose lombaire qui la handicape dans ses activités quotidiennes. Elle a essayé sans succès de nombreux antalgiques et anti-inflammatoires pour soulager ses douleurs. Son médecin lui recommande un cure thermale avec kinésithérapie en piscine... »

Prendre la mesure de la douleur

Pas toujours facile d'évaluer une douleur chronique tant les modes d'expression sont variables d'une personne à l'autre. Pourtant quand elle a des conséquences sur la vie quotidienne, qu'elle réduit la mobilité, qu'elle fait le lit d'une dépression, ou qu'elle conduit chez le sujet âgé à un mutisme inquiétant, il faut en prendre la mesure en l'évaluant par des échelles de douleur et en demandant de la décrire. « Les échelles de douleurs ont aussi l'intérêt de parler de ces douleurs sans lassitude et de compare les résultats mois après mois... », précise de Dr Marie-Anne Puel, généraliste enseignante et membre de la société médicale Balint.

L'examen clinique comme outil thérapeutique

Au delà de l'évaluation de la douleur, l'examen clinique régulier est un autre moyen de prendre en charge la douleur chronique en montrant au patient qu'on s'intéresse à l'étiologie de sa douleur ou en le rassurant sur l'absence de survenue de nouvelles pathologies. Le toucher, en particulier, offre le bénéfice de la réassurance qui peut être antalgique en elle-même par le biais de l'effet placebo qui est plus actif contre la douleur que pour d'autres symptômes (voir encadré).

Soulager la souffrance

Après des décennies de sous-traitement des douleurs, il y a aujourd'hui consensus pour soulager désormais sans réserve. Aussi faut-il une prescription progressive des antalgiques, niveau 1 (paracétamol, anti-inflammatoires), niveau 2 (codéine, tramadol, dextropropoxyphène et associations avec paracétamol) puis niveau 3 (opioïdes forts) qu'il ne faut hésiter à prescrire à doses élevées si nécessaire. Enfin le traitement de la douleur sera liée aussi à l'étiologie (douleurs neuropathiques, dépression sous-jacente...) et pourra bénéficier d'approches non-médicamenteuses comme la physiothérapie, la balnéothérapie, la kinésithérapie.

« La douleur en questions », ministère de la Santé et de la Protection sociale, memento à destination des soignants, novembre 2004.
Dr Jean-Pierre Rageau

Source : Le Généraliste: 2485