Covid-19 : les recos de prise en charge en médecine générale enfin publiées

Par
Publié le 16/03/2020
Médecin généraliste portant un masque chirurgical

Médecin généraliste portant un masque chirurgical
Crédit photo : GARO/PHANIE

Très attendues par les généralistes, les recommandations du ministère de la Santé pour la prise en charge dans les cabinets de ville des patients symptomatiques suspectés d'avoir contracté le coronavirus, viennent d'être publiées sur le site de la Direction générale de la santé. Ce document d'une vingtaine de pages constitue un guide pour les généralistes, du diagnostic à la prise en charge en passant par l'hygiène du cabinet, la gestion des consultations et l'orientation des cas les plus graves.

Organisation du lieu de prise en charge

Le ministère préconise tout d'abord, lorsque cela est possible, de privilégier la téléconsultation. Le suivi des pathologies chroniques et stables peut ainsi se faire à distance en visio ou le patient peut se rendre exceptionnellement en pharmacie pour le renouvellement de son traitement, comme l'autorise un décret paru dimanche. Pour les patients présentant des symptômes de Covid-19, « il revient au médecin d'apprécier à tout moment la possibilité de poursuivre la téléconsultation en cours ou d'organiser une consultation physique, notamment quand une exploration plus fine du système respiratoire est requise », précise le document. 

Pour les consultations en présentiel, il est conseillé de fonctionner uniquement sur rendez-vous voire de réserver des plages horaires spécifiques dans la journée pour les patients présentant des symptômes respiratoires caractéristiques du coronavirus. Si toutefois le patient se présente directement en présentiel au cabinet, sans appel préalable, il est conseillé de respecter une distance d'un mètre avec le personnel d'accueil, qui devra procéder à un lavage des mains avec du savon et de l'eau ou un soluté hydroalcoolique après chaque passage de patients présentant des signes d'infection respiratoire. 

Les dispositions à prendre dans la salle d'attente sont les suivantes : prévoir des lieux d'attente où les personnes suspectes puissent être isolées et si ce n'est pas possible respecter une distance d'au moins un mètre entre les patients. Il est par ailleurs préconisé d'aérer régulièrement le site d'accueil, de désinfecter les surfaces une à deux fois par jour et de retirer les objets non nécessaires de type jouets, jeux, magazines, livres, etc. Le nombre d'accompagnants doit également être limité. 

Protection des soignants

Le ministère recommande aux professionnels de santé de porter un masque (sans en préciser le type), en particulier pendant ses consultations dédiées aux patients symptomatiques. Une désinfection du stéthoscope est préconisée après chaque patient ainsi que les autres instruments utilisés. Les surfaces de travail doivent être pour leur part désinfectées deux ou trois fois quotidiennement, tout comme les poignées de porte, téléphones, claviers d'ordinateurs…

Examen clinique

Le document ministériel donne également des éléments sur l'organisation de l'examen clinique. Ce dernier a notamment pour objectif d'identifier les éventuelles comorbidités (personnes âgées de plus de 70 ans, pathologie respiratoire chronique, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, cirrhose, antécédents cardio vasculaires, diabète, immunodépression, obésité morbide, grossesse…).

Les signes cliniques à observer en particulier sont la date de début des symptômes, la fièvre, la toux, les signes respiratoires hauts ou bas, les autres signes d'infection virale comme les courbatures et les signes de décompensation d'une pathologie sous jacente). Les signes de gravité devant alerter sont les suivants : polypnée (fréquence respiratoire > 22/min), oxymétrie de pouls (Sp02) < 90% en air ambiant, pression artérielle systolique < 90 mmHG, altération de la conscience, confusion, somnolence, déshydratation et altération de l’état général brutal chez le sujet âgé. 

Les recommandations précisent également la stratégie de diagnostic par test biologique. 

Orientation du patient 

Si le diagnostic du médecin penche en faveur d'une infection au Covid-19 et dans les cas les moins graves, un traitement symptomatique accompagné de conseils d'hygiène et d'un arrêt de travail seront mis en place. Dans ce cas, le patient s'autosurveille. Le généraliste peut également, lorsque cela est nécessaire, mettre en place un suivi médical à domicile avec une fréquence qu'il aura défini. Il peut également s'agir d'un suivi renforcé par un infirmier ou la mise en place d'une hospitalisation à domicile. Dans les cas présentant des signes de gravité, l'hospitalisation sera organisée par un appel au Samu.

Conseils à donner au patient

Pour les personnes en auto-suveillance, les recommandations à formuler au patient sont : surveiller sa température deux fois par jour, appeler son médecin traitant en cas de dégradation des symptômes ou le 15 si le patient présente des signes de gravité, et porter un masque lors de toute intervention d'un professionnel de santé. Pour l'entourage également, il est conseillé de vérifier sa température et l'apparition de symptômes respiratoires et de rester confinés en limitant ses sorties. Les patients présentant symptomatiques avec signes d'affection respiratorie basse doivent revoir leur médecin traitant à J6-J8.

S'agissant des personnes suivies médicalement à domicile, la fréquence est définie par le médecin tout comme la forme (téléconsultation, appel téléphonique, consultation présentielle). Un suivi à J6-J8 est automatique. Les patients suivis par un infirmier sont ceux qui sont peu symptomatiques, autonomes mais ne pouvant assurer leur autosurveillance. La fréquence et le suivi des signes d'alerte à suivre sont définis par le médecin. Enfin, la HAD est mise en place si le malade présente des manifestations respiratoires nécessitant une surveillance rapprochée,a des comorbidités, sont âgés de plus de 70 ans et ou présente des difficultés psychosociales.

Un patient est considéré comme guéri 48 heures après la disparition des symptômes.

Depuis plusieurs jours et dans l'attente des préconisations officielles des autorités sanitaires, des organisations de praticiens avaient déjà formulé leur guide à destination des généralistes, comme la check-list des représentants de MSP. Ce week-end, le Collège de la médecine générale (CMG) a également créé l'outil coronaclic.fr en collaboration avec le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) pour accompagner les praticiens dans leurs prises en charge de ville.


Source : lequotidiendumedecin.fr