Un plan de bataille travaillé depuis plus d’un an… Et une réponse politique encore trop floue pour le secteur hospitalier. En ouverture du salon Santexpo ce mardi 20 mai 2025, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, a plaidé pour une loi de programmation pluriannuelle en santé, dont il a remis une copie à la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, en présence du ministre de la Santé Yannick Neuder. « Le système de santé est sous pression constante depuis près de dix ans Le temps des demi-mesures est terminé. Désormais, des choix clairs doivent être faits et assumés », a-t-il prévenu. Le maire de Reims appelle ainsi à une « révolution » reposant sur trois piliers : « Prévention, pertinence et surtout programmation. »
La prévention, en effet, « ne doit plus être la variable d’ajustement » mais devenir « le pilier central de notre système de santé », a insisté Arnaud Robinet, soulignant qu’« un an d’espérance de vie gagné [représente] 1,5 milliard d’euros d’économies pour l’Assurance-maladie ». Quant à la pertinence, il s’agit selon lui de « soigner les bonnes personnes au bon moment » alors qu’« il existe des établissements qui surprescrivent certains actes à des fins de rentabilité ». Si le président de la FHF espère « une grande opération de transparence sur le sujet de la pertinence des soins », il a surtout appelé le gouvernement à faire preuve de « courage », ajoutant que « certaines réformes demandent d’investir aujourd’hui en sachant que l’effort ne sera récompensé que demain ou après-demain ».
Changer de cadre
Mais pour que la prévention et la pertinence des soins ne soient plus laissées au second plan, Arnaud Robinet appelle à « changer de cadre » grâce à une loi de programmation pluriannuelle en santé. « C’est une nécessité démocratique. Elle seule permettra de bâtir un système de santé performant, responsable et soutenable », a-t-il insisté devant les ministres et une salle comble.
Ainsi, l’article 1er de la proposition de loi travaillée par la FHF suggère d’inscrire dans la loi « une trajectoire quinquennale d’évolution de l’Ondam, assortie d’un taux plancher fixé à + 2,5 % par an ». Trajectoire qui devra « être reconduite a minima dans chaque loi de financement de la Sécurité sociale ». L’article 2 quant à lui, « prévoit une évaluation du montant des besoins humains et financiers programmés en santé sur la période sur laquelle porte la présente loi, pour que l’objectif devienne la réponse aux besoins et non plus le montant des dépenses ».
Autre mesure attendue depuis belle lurette par la FHF, la création d’un livret H pour flécher l’épargne des Français vers le financement du système de santé. Ce produit d’épargne fonctionnerait ainsi sur le même modèle que le livret A ou le livret de développement durable et solidaire (LDDS).
Catherine Vautrin plaide pour la responsabilisation de tous
Si Catherine Vautrin a rappelé que le gouvernement est bien favorable à l’idée d’une « grande loi de programmation pour la santé », la ministre appelle à la lucidité : « Une telle programmation pluriannuelle implique aussi une programmation pluriannuelle de nos efforts, avance-t-elle, répondant au discours d’Arnaud Robinet. Un seul exemple : vous plaidez pour un taux d’évolution de l’Ondam de 2,5 %, je rappelle que l’Ondam pour 2025, certes dans un contexte très spécifique, augmente de 3,4 %. »
La ministre a également appelé à la responsabilisation de tous : « c’est le patient ou le soignant qui, appelé à se faire vacciner contre la grippe, accomplit cet acte élémentaire de prévention. C’est le patient qui ne se comporte pas en “consommateur” de soins médicaux, mais qui agit en acteur de sa propre santé », a-t-elle défendu.
Catherine Vautrin a surtout laissé le secteur hospitalier sur sa faim, se contentant de présenter le bilan des actions déjà menées plutôt que d’annoncer un cap clair pour l’avenir. « Le travail de nuit a été revalorisé dès le début de l’année 2024, avec une hausse de 50 % des gardes médicales », a-t-elle rappelé. La ministre a également vanté la réforme du métier infirmier, la création d’un régime de retraite hospitalière pour les PU-PH, la lutte contre les pratiques déloyales en matière salariale et, enfin, la mise en place d’un concours interne spécifique, dès cette année, pour les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) qui exercent déjà en France.
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