Changement de cotation de la cataracte : les anesthésistes libéraux crient à l'amputation de leurs honoraires

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Publié le 19/06/2019
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Crédit photo : S. Toubon

Le Syndicat national des anesthésistes réanimateurs de France (SNARF) dénonce une modification pénalisante de la cotation CCAM de la cataracte, validée par la commission de hiérarchisation des actes et prestations (CHAP) en décembre, « malgré l’opposition de tous les syndicats de médecins », et mise en place depuis mai.

L’ancienne cotation autorisée pour le traitement chirurgical de la cataracte par phakoémulsification (BFGA004) a été supprimée et remplacée par deux nouvelles cotations : l'une sans drainage (BFGA427) et l'autre avec la pose d'un drainage (BFGA368). Las, si la cotation de la cataracte sans drainage conserve l'ex-cotation de l’anesthésie sans changement, le nouvel acte créé a été privé du modificateur 4 d'anesthésie, au grand dam de la profession.

« Alors qu'il y a un temps supplémentaire pour poser le drainage, ce nouvel acte est diminué de 20 euros pour les ophtalmologistes qui le pratiquent (253 euros contre 271 euros sans drainage), mais surtout l'ancienne cotation d’anesthésie, de 111 euros, disparaît. Seule l’anesthésie complémentaire (ZZLP030) est possible, mais elle est cotée 57 euros, soit à peu près la moitié de la cotation antérieure », déplore le Dr Christian-Michel Arnaud, président du SNARF.

Manque à gagner

Le syndicat juge que cette « amputation » d'une partie d'un acte est « inadmissible », et recommande aux ophtalmologistes qui opèrent d’utiliser une technique de chirurgie de la cataracte « sans pose de dispositif de drainage trabéculaire chaque fois que c’est possible ». Le manque à gagner n'est pas encore évalué par le SNARF. Mais l'intervention chirurgicale de la cataracte est l'opération la plus pratiquée en France avec quelque 800 000 interventions par an.

Selon le SNARF, l'objectif de la CNAM dans ces évolutions de cotation est « probablement de pénaliser l’acte de mise en place de drainage », dont le prix très élevé du matériel (environ 1 000 euros) se rajoute au montant de l’acte. « Mais surtout, cette modification est un précédent inquiétant alors qu'une évaluation de l’anesthésie pour la chirurgie du cristallin est en cours par la Haute Autorité de santé », précise le Dr Arnaud.

Au-delà, il dénonce un défaut de hiérarchisation et de valorisation des actes d'anesthésie alors que « les actes de chirurgie sont correctement évalués ». « La caisse a profité de la dispersion syndicale de notre spécialité, souligne-t-il. On ne peut pas laisser cette dérive se pérenniser, c'est pourquoi nous nous rapprochons de l'AAL [autre syndicat d'anesthésistes libéraux, membre du BLOC] pour en discuter. » 


Source : lequotidiendumedecin.fr