Le gouvernement est « préparé à ce type de débordements », a assuré ce mardi Aurélien Rousseau, lors d’un point presse à Valence dédié à la canicule, dans un contexte où 19 départements ont été placés en vigilance rouge. Raison pour laquelle le ministre a demandé aux établissements et aux Ehpad de faire preuve d’une « vigilance maximale ». Même si celui-ci « ne constate pas de passages extrêmement importants aux urgences », notamment pour « des cas de déshydratation ».
Si le nombre de passages venait à augmenter de manière importante « à certains endroits », l’ancien directeur de cabinet d'Élisabeth Borne s’engage à « redoubler de mobilisation » pour aider les hôpitaux en difficulté « à tenir ses lignes de garde, à rester ouvert la nuit, à réguler par le 15 ». D’autant plus qu’un certain nombre d’établissements seraient « sur une ligne de crête, à la merci d’une absence inopinée ».
Plus de 30 °C au CH de Valence
Au-delà du nombre de passages, ce sont aussi les températures caniculaires au sein même des hôpitaux qui posent problème. C'est notamment le cas au CH de Valence, où la température dépasse 30 °C dans certains bureaux de consultation. En déplacement dans les locaux de l’établissement ce mardi, le ministre l’a découvert à ses dépens. En sueur, « il a dû prendre un mouchoir pour s’essuyer la tête », précise au « Quotidien » Karim Chkéri, secrétaire CGT à l'hôpital de Valence. Selon lui, « 20 % des locaux de l’hôpital ne sont toujours pas climatisés ou rafraîchis, cela devient donc très compliqué de travailler dans ces conditions ».
D’après lui, cela fait plus de trois ans que son syndicat demande à la direction « d’installer des climatiseurs split dans les couloirs pour pouvoir les rafraîchir, ce qui permettrait de faire baisser la température des chambres de plusieurs degrés ». Sans succès. « La direction trouve toujours des excuses pour refuser. Mais, quand on ne veut pas, on ne fait pas », tacle l’agent administratif qui déplore « le manque d’anticipation » de la direction.
Selon lui, celle-ci s’est contentée de mettre en place un plan canicule qui préconise notamment, « d’hydrater les patients », ce qui fait « rire jaune les soignants ». « On n’a pas attendu les directives du ministère ou de la direction pour le faire », enrage Karim Chkéri. La direction se targue également d’avoir acheté des ventilateurs, mais « ils brassent de l’air chaud, donc ce n’est pas cela qui va rafraîchir les pièces ! », fulmine le syndicaliste.
Quant aux médecins de l’établissement, ils seraient de plus en plus nombreux à contacter la CGT. « Ils n’arrivent pas à obtenir le minimum syndical pour travailler dans de bonnes conditions. La direction avait promis d’acheter de la climatisation, mais elle n’a finalement pas tenu ses engagements. Donc les médecins se sentent trahis », observe le représentant syndical.
Plus de 44 °C au CHU de Bordeaux
La situation est similaire au CHU de Bordeaux où plus de 44 degrés ont été relevés vendredi dernier dans une chambre du service pédiatrique de l'hôpital Saint-André, contre 40 °C sur la passerelle qui relie le service de pédiatrie à un autre bâtiment. Contactée par « Le Quotidien », Agnès Marquet, représentante du personnel de Sud Santé Sociaux, explique que de nombreux bâtiments sont « vétustes, pas rénovés et pas équipés pour faire face aux épisodes de canicule ».
À l’image du « bâtiment de la pédiatrie » où « le soleil tape sur les vitres » de ces chambres dénuées de stores et de volets, si bien que les équipes « ne peuvent rien faire pour faire baisser la température ». Interpellée par les agents, la direction aurait récemment installé des brumisateurs. Elle aurait aussi mis en place une climatisation portative dans un couloir. Mais, pour en profiter, « les patients doivent quitter leur chambre », explique la syndicaliste qui évoque une « passoire thermique ». Si bien que « les soignants mettent des pains de glace sous leur blouse » pour supporter la chaleur dans les locaux.
La direction « n’a pas les financements »
Elle aurait demandé aux soignants « de bien surveiller l’état d’hydratation des patients, comme si les soignants ne le faisaient pas », pointe la représentante du personnel. Agnès Marquet exige donc des « solutions pérennes », l’installation de climatisations fixes, mais aussi « un vrai plan de rénovation de tous les secteurs vétustes de l’hôpital ».
« Notre rôle consiste désormais à prévenir la direction qu’il fait froid l’hiver et qu’il fait chaud l’été ! C’est le monde à l’envers ! », tempête la syndicaliste qui alerte depuis plus d’un an sur les fortes chaleurs au niveau de la passerelle qui relie le bâtiment principal du CHU au service pédiatrique. Un endroit entièrement vitré qui provoque un effet de serre l’été.
Mais, comme au CH de Valence, la direction rétorque qu’elle « n’a pas les financements pour installer la climatisation », se désole la syndicaliste qui exige « des moyens pour l’hôpital » et un « vrai calendrier de travaux ».
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