CONTINUITÉ DES SOINS oblige, le travail en milieu hospitalier connaît des contraintes étrangères à d’autres secteurs marchands de l’économie. Une récente étude de la drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, au ministère de la Santé) s’est penchée sur cette lapalissade pour présenter sur le sujet de l’organisation du travail à l’hôpital (1) – qu’il concerne les médecins, les personnels soignants ou les administratifs – des statistiques précises qu’elle compare à des données équivalentes mais concernant la construction, l’industrie, les transports, l’hôtellerie, la restauration…
L’exercice fait évidemment apparaître le caractère très spécifique des contraintes horaires à l’hôpital : la moitié du personnel médical à temps complet déclare ainsi travailler habituellement plus de 50 heures par semaine (un quart plus de 60 heures) ; chez les seuls médecins, 56 % travaillent fréquemment au-delà de leur durée habituelle et la moitié d’entre eux déclare alors bénéficier d’une compensation en salaire ou en repos. La drees explique à titre de comparaison que les cadres de l’industrie, de la construction ou du tertiaire, s’ils indiquent eux aussi pour moitié d’entre eux travailler souvent au-delà de leur durée habituelle, situent cette durée d’usage à « plus de 42 heures » et non pas 50.
Dans le détail, les médecins sont 69 % à effectuer fréquemment des astreintes (17 % le font occasionnellement) ; à un rythme soutenu ou occasionnel, les trois quarts d’entre eux travaillent le dimanche et 89 % le samedi. Il arrive à 78 % d’entre eux de travailler la nuit. Ces proportions sont sans appel : « le secteur de la santé se démarque très fortement » des autres secteurs d’activité économique, y compris les transports ou l’hôtellerie, observe l’enquête.
La drees constate en outre que les horaires de travail sont majoritairement imposés par les établissements : si 28 % des médecins choisissent eux-mêmes leurs horaires, les autres les subissent totalement (50 %) ou en ayant le choix entre plusieurs possibilités (22 %).
En terme d’intensité de l’activité, les médecins sont plutôt sévères quant aux récentes évolutions : pour 46 %, les contraintes liées au rythme de travail se sont accentuées depuis 2003 ; 32 % doivent faire face tous les jours à des pointes d’activité – 49 % se retrouvent dans cette situation « seulement » une fois par semaine ; au cours d’une journée, plus d’un tiers des médecins ne peut pas interrompre, même momentanément, sont travail.
Enfin 54 % des médecins reconnaissent qu’il leur arrive d’être dans l’impossibilité de respecter à la fois la qualité et les délais imposés. Dans ces cas-là, ils indiquent deux fois sur dix qu’ils choisissent de sacrifier le respect des procédures plutôt que les délais.
(1) Marie Cordier, « L’organisation du travail à l’hôpital : évolutions récentes », drees, « Études et résultats » n°709.
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