Ce mercredi 29 janvier s’est ouverte à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) la dixième édition des Journées nationales de la chirurgie ambulatoire. À cette occasion, le Pr Corinne Vons, présidente de l’Association francophone de chirurgie ambulatoire (AFCA) a dévoilé les chiffres pour 2019 du taux de recours à ce mode de prise en charge. L’année passée, 59 % des actes de chirurgie ont été réalisés en ambulatoire, soit 1,9 point de plus qu’en 2018. Une progression égale à celle de l’exercice précédent.
« Nous n’atteindrons pas 70 % en 2022 », a toutefois d’emblée précisé le Pr Corinne Vons en référence à l’objectif qu’avait fixé Agnès Buzyn dès l’automne 2017, peu après sa prise de fonction à Ségur. « On se bat pour avoir des objectifs ambitieux mais tous les freins ne sont pas levés », analyse la chirurgienne de l’hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP).
L’un d’entre eux est clairement identifié : le développement de la récupération améliorée après chirurgie (RAAC). Paradoxalement, cette technique de prise en charge facilitant la reprise d’autonomie des patients après une opération et essentielle à la promotion de la chirurgie ambulatoire a un effet pervers dans certains établissements. « Partout où la RAAC a été priorisée, le taux d’ambulatoire a reculé », explique la présidente de l’AFCA.
Séparer les flux
Le déploiement de cette procédure a engendré un « mélange des flux » des patients en hospitalisation traditionnelle avec ceux pris en charge en ambulatoire. Cette situation a conduit à un « engorgement » des services ambulatoires, souvent contraints d’envoyer des malades dont l’opération s’est déroulée dans leur bloc vers un lit d’hospitalisation conventionnelle une fois l’acte réalisé.
Ce mélange des genres est couplé au succès des services ambulatoires vers lesquels, selon le Pr Corinne Vons, « tous les patients sont orientés car leur organisation est bonne et les personnels bien formés ». Un seul mot d’ordre pour éviter cet écueil, martèle-t-elle : « Il faut séparer les flux ! »
L’autre piste envisagée par l’AFCA pour faire progresser le taux de chirurgie ambulatoire consisterait à prendre davantage de patients admis aux urgences. « Une grosse partie de la chirurgie des urgences et programmée au lendemain de l’admission peut être prise en ambulatoire », affirme la PU-PH. « Encore faut-il pouvoir l’évaluer ! » Pour arriver à capter cette manne, le Pr Corinne Vons appelle de ses vœux le développement d’indicateurs pratiques afin de mieux identifier les patients éligibles.
Car une progression en volume des actes ambulatoires dans les établissements les plus performants est indispensable pour embarquer l’ensemble des hôpitaux français, estime le Dr Gilles Bontemps de l’Assurance-maladie. « Aujourd’hui, les 25 % des établissements qui ont le plus gros volume tirent les autres vers le haut », analyse-t-il.
Une solution est alors envisagée par le Pr Corinne Vons et le Dr Gilles Bontemps pour doper cette pratique : creuser l’écart tarifaire entre les actes réalisés en chirurgie ambulatoire et ceux pratiqués en hospitalisation conventionnelle. Aujourd’hui, « dans la tête des directeurs, la chirurgie ne rapporte pas d’argent », regrette la présidente de l’AFCA.
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