« Les structures d'exercice coordonnées ne sont-elles pas finalement des coquilles vides ? » C'est la question volontairement polémique soulevée ce jeudi par le député Philippe Vigier (UDI) à l'occasion d'une nouvelle séance d'auditions de la commission d'enquête sur l'égal accès aux soins, dont il est rapporteur. Autour de la table étaient présents les médecins généralistes représentant les maisons et centres de santé.
Lancée à la fin du mois de mars à l'initiative du groupe centriste UDI, Agir et Indépendants (ex-Les Constructifs), cette commission d'enquête parlementaire vise, pour reprendre les mots de son rapporteur, à « pointer des dysfonctionnements et proposer des solutions » pour lutter contre la désertification médicale. En l'absence du député LREM et président de la commission Alexandre Freschi, c'est Jean-Carles Grelier (LR) qui assurait l'intérim. Celui-là même qui exprimait des réticences au moment du lancement de la commission mais s'annonçait déjà vigilant sur ce qui allait y être dit.
Les médecins salariés, précaires ?
Bien évidemment, face à l'infatigable Philippe Vigier, les représentants des structures d'exercice coordonné se sont défendus de couver des coquilles vides. Le Dr Pascal Gendry, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) a commencé par vanter la réussite des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). « Dans les zones rurales où il y a des MSP, la démographie médicale baisse moins vite qu'ailleurs, et dans les banlieues, elle augmente », s'est félicité le médecin mayennais. Des résultats récompensés par la caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) à en croire le Dr Gendry qui indique que « sur les 1 200 MSP existantes, les 600 qui ont signé l'accord conventionnel interprofessionnel [ACI, NDLR] ont vu leur enveloppe augmentée ». Preuve s'il en est que ces dispositifs répondent aux attentes de la CNAM. Pour les autres, il a insisté sur un point : l'importance pour ces structures de monter un projet de santé précis. « Les coquilles vides sont celles qui n'ont pas de projet. » Au passage, le représentant des MSP s'est même permis d'égratigner les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) : « Une communauté ça ne se décide pas, il faut s'approprier le concept, et cela prend du temps. »
C'est ce temps dont les médecins manquent aujourd'hui, a appuyé le Dr Frédéric Villebrun, secrétaire générale de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS). Celui-ci propose avec son président le Dr Eric May de rémunérer le temps d'organisation des médecins qui s'investissent dans un projet d'élaboration d'une structure d'exercice coordonné. Il n'en fallait pas plus pour faire bondir le député Jean-Michel Jacques (LREM) qui juge abusive une telle revendication. Même son de cloche du côté de Philippe Vigier : « On ne peut quand même pas rémunérer les médecins pour leurs réunions du soir. »
L'attractivité est aussi un élément mis en avant par les médecins auditionnés. Afin de rassurer les jeunes praticiens et les encourager à s'installer comme salariés dans un centre de santé, le Dr May propose la création d'un nouveau statut, propre aux médecins des centres de santé. Et pour cause, aujourd'hui les médecins salariés de centres de santé financés par des communes de moins de 2 000 habitants sont contractuels. Par conséquent, la loi oblige les villes à embaucher ces médecins en contrat à durée déterminée pour six ans maximum. Une précarité qui n'est pas du goût de l'USMCS et qui a attiré l'attention de Philippe Vigier lors des échanges en commission. Toutefois, Pascal Gendry l'a répété : « Un projet de santé ne se fait pas sur l'attractivité, c'est l'inverse ! »
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