LE QUOTIDIEN : Le gouvernement veut mettre en place un reste à charge « zéro » sur les prothèses auditives. Comment envisagez-vous la négociation en cours ?
Dr NILS MOREL : L'ancien président du syndicat, le Dr Jean-Michel Klein, a assisté aux discussions qui se sont déjà tenues. La question de la prise en charge des audioprothèses n’est pas dans le champ des médecins ORL, nous n’avons pas notre mot à dire car nous ne sommes pas revendeurs mais prescripteurs. C'est sur cet aspect que nous voulons nous replacer. Il est primordial que nous gardions le diagnostic de la surdité, qui est une maladie, et la première prescription des prothèses auditives. Nous verrions d’un mauvais œil que, sous prétexte d’un reste à charge zéro, l'ouverture du marché enclenche un effet d’aubaine et des prescriptions en surnombre, mal contrôlées ou déléguées à d'autres professionnels. En revanche, nous ne sommes bien sûr pas opposés à une meilleure prise en charge pour la population.
Quelles seront les autres lignes d’action du syndicat sous votre présidence ?
Je suis dans la continuité de mon prédécesseur. Un travail a été fait avec le collège et la société française d’ORL sur la reconnaissance de notre exercice en tant que spécialité médico-chirurgicale. Concrètement, cela veut dire que notre maquette est calquée sur celle des chirurgiens dans la formation initiale. Cela a été une lutte, et c’est capital de l'avoir acquis. Nous tenons par ailleurs à continuer d'avoir la maîtrise de notre formation continue. Nous continuerons à promouvoir notre propre organisme de développement professionnel continu (ORL-DPC), notamment à travers notre conseil national professionnel, qui regroupe les trois entités de la profession.
Je veillerai aussi à ce que les ORL puissent garder la capacité de prescrire les appareils à pression positive continue (PPC) pour l’apnée du sommeil dès qu'ils valident leurs connaissances et participent à des formations sur le sujet. Il était question à un moment que seuls les pneumologues et les médecins ayant suivi un diplôme interuniversitaire sur le sommeil puissent le faire. Enfin, je ferai en sorte que les internes puissent faire un semestre de stage en cabinet libéral, car nous sommes tout à fait pour, mais nous nous heurtons à des difficultés techniques de mise en place.
Quelle est votre position sur la télémédecine ?
Nous sommes en train de lister les actes réalisables en télémédecine par les médecins ORL. Cela pourrait être, après une première consultation de diagnostic pour une prothèse auditive, un télésuivi de celle-ci. De même, la télé-expertise nous convient bien, car nous avons l’habitude de la pratiquer par téléphone. Dès qu’un médecin peut examiner le patient, palper le cou, regarder dans la gorge voire faire des photos, nous sommes pour ! Par contre, examiner quelqu’un sans contact physique la première fois, ce n’est pas possible, on sort du cadre médical. En tant qu'ORL, nous avons besoin de matériel spécifique, comme le laryngoscope ou le nasofibroscope : est-ce que des médecins généralistes y auront accès, et qui le financera ? Il y a encore pas mal d’inconnues.
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