Les ORL s'engagent sur la voie de la délégation de tâches. Lors du congrès national des audioprothésistes, le président du conseil national professionnel des ORL, le Dr Jean-Michel Klein, a plaidé pour le développement de la profession d'audiologiste.
Vu comme un intermédiaire entre l'audioprothésiste et l'ORL, cette profession paramédicale, qui existe déjà aux États-Unis, au Canada ou en Belgique, peut médicaliser la prise en charge des acouphènes, de la distorsion sonore et faire de la prévention auditive. Par conséquent, elle permet à l'ORL de déléguer ces tâches.
« C'est une réflexion mûrie après avoir observé d'autres spécialités médicales, comme l'ophtalmologie, où le médecin travaille en coopération avec un orthoptiste, et lui délègue certaines mesures », précise le Dr Klein. L'objectif est de faire « monter tout le monde d'un cran dans le système de santé », précise-t-il. Et de recentrer les 3 000 ORL sur l'aspect chirurgical de leur métier.
Seule l'université de Montpellier propose un master (bac +5) d'audiologie ouvert aux audioprothésistes et aux orthophonistes. « Il faut arriver à universitariser la formation des audioprothésistes qui est sanctionnée par un diplôme d'État, et la faire entrer dans le modèle européen LMD (licence-master-doctorat), précise le Dr Klein. C'est un projet à cinq ou dix ans. » Une mission gouvernementale planche sur la question pour la rentrée prochaine.
Quelle autonomie ?
La première pierre de la délégation est donc posée chez les ORL, mais tout reste à définir. « Cela reste encore théorique, mais pour nous, l'audiologiste serait une sorte de super assistant de l'ORL, toujours sous la responsabilité du médecin », ajoute le Dr Nils Morel, président du syndicat national des ORL (SNORL). La question du degré d'autonomie de l'audiologiste est centrale pour le médecin, qui verrait d'un mauvais œil la création d'une « nouvelle profession libérale ».
Le Syndicat national des audioprothésistes (UNSAF) n'est pas sur la même longueur d'onde. « Nous ne nous attendions pas à cela », admet le président de l'UNSAF, Luis Godinho, qui ne soutient pas l'idée. « Je ne vois pas bien la place qu'aurait l'audiologiste, d'autant plus que des solutions entre audioprothésistes et ORL peuvent être mises en place, notamment au niveau de la prévention auditive », observe-t-il.
Luis Godinho évoque aussi le risque d'opposition entre les deux professions. « Dans les pays où le métier d'audiologiste existe, comme la Grande-Bretagne, il n'y a pas beaucoup de médecins ORL, assure Luis Godinho. Or ce n'est pas le cas en France, et je n'ai pas envie qu'une partie de ma profession entre en concurrence avec les ORL ! »
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