Une centaine d’hommes du milieu médical – étudiants, internes, praticiens et PU-PH – prennent la parole dans une tribune au Monde afin de dénoncer « le sexisme systémique » que les femmes médecins et soignantes subissent dans le monde hospitalier, sexisme qui « salit collectivement, qui met en danger et, parfois, détruit » des vies.
Jugeant être « imprégnés » par une « culture sexiste, machiste et patriarcale », les signataires s’attaquent d’abord à un emblème des traditions carabines : les fresques « à thématiques sexuelles masculines, montrant très souvent une image dégradante de la femme, et où figurent parfois des scènes de viols ». Cette culture « a régné » dans les salles de garde pendant des décennies, et « parfois règne encore », déplorent-ils.
Une « neutralité silencieuse » coupable
Blagues ou remarques sexistes « intimidantes et dégradantes » vis-à-vis des femmes, harcèlement sexuel et même agressions sexuelles… Les auteurs reconnaissent avoir été témoins de ces situations et, par leur « neutralité silencieuse », parfois complices. « La “tradition” et le “à-quoi-bonisme” dans un milieu très hiérarchisé, où il y a beaucoup à perdre à se faire remarquer, nous ont permis de ne pas nous poser trop de questions ou de trouver de bonnes raisons pour nous taire », écrivent-ils encore.
Les signataires insistent : cette « violence systémique » fait des victimes parmi les femmes médecins, mais aussi parmi toutes les autres professionnelles de l’hôpital ainsi que les patientes, dont le corps endormi peut être « dénigr[é] » au bloc opératoire.
Autre source d’inquiétude et d’alerte, il existe aux yeux des signataires un « continuum évident » du flirt badin lors des premières années d’études à l’hôpital jusqu’à l’agression sexuelle « banalisée », telle la main baladeuse du chef sur son interne.
Outre le renforcement de la formation sur les violences sexistes et sexuelles (VSS), les signataires appellent à une mobilisation de la communauté médicale pour que la peur et la honte « changent de camp ».
Et ils donnent l’exemple : « Nous nous engageons donc à réagir lorsque nous serons témoins de propos ou d’attitudes pouvant être qualifiées de sexistes et de harcèlement ou de violences sexuels, écrivent-ils. Nous ferons part de notre réprobation à tout collègue qui profiterait de sa position hiérarchique ou de son statut d’enseignant ou d’encadrant pour harceler ou violenter un ou une étudiante ou collègue. Nous aiderons les collègues victimes dans leur démarche de signalement. Nous nous opposerons à ce que les responsables de violence soient promus et nous demanderons des enquêtes et des sanctions à l’institution. » Car, pour tous ces hommes médecins, « persister dans notre silence serait coupable. »
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