LORS DE L’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ de la CSMF, à Cannes, la santé s’est immiscée dans la campagne présidentielle, sous forme d’échange à fleurets mouchetés entre les experts « santé » des principaux partis politiques. Le député socialiste de Paris Jean-Marie Le Guen (désormais dans l’écurie de François Hollande mais qui s’exprimait en son propre nom) a ouvert les hostilités. « Je n’ai jamais vu un gouvernement qui affiche pendant quatre ans un tel mépris de la médecine libérale, et hospitalière d’ailleurs. Il ne suffit pas d’arriver la cinquième année et de promettre qu’on va tout changer pour se refaire une virginité ! ». La riposte de Jean-Pierre Door, député UMP du Loiret, ne s’est pas faite attendre. « Ne lancez pas votre venin et soyez raisonnables ! Les socialistes aussi ont connu des problèmes avec la médecine libérale », a-t-il répliqué, avant que le député du Nouveau Centre Jean-Luc Préél ironise sur les périodes « Aubry et Guigou » qui n’étaient pas « si satisfaisantes que cela » pour la profession.
Ces échanges passés, personne ne se hasarde, devant une salle de médecins, à prôner la coercition pour lutter contre la désertification médicale. Les élections se profilent. Jean-Pierre Door estime qu’il faut aller « le plus loin possible dans l’incitatif » car toute mesure autoritaire « fait fuir les médecins ». Jean-Marie Le Guen comme Jean-Luc Préel se disent « totalement opposés » à la coercition... « Dire le contraire ici serait suicidaire », glisse, sourire en coin, le deuxième. Jean-Luc Veret, au nom d’Europe Écologie-Les Verts n’est pas certain que la contrainte soit la meilleure méthode. Parmi les idées citées par les intervenants : les stages ambulatoires, les maisons de santé, les bourses... ou le salariat des médecins par les communes rurales.
Les dépassements ? Cette fois, le ton est (un peu) moins conciliant. Au nom de la majorité, Jean-Pierre Door plaide pour un plafonnement via le secteur optionnel. Pour sa part, Jean-Marie Le Guen n’est pas favorable au secteur optionnel mais estime qu’il faudrait aller plus vite vers le paiement à la performance pour « dépasser la problématique du secteur II », formule qui laisse place à toute interprétation. Jean-Luc Préel rappelle qu’il avait défendu un amendement (controversé et non voté) autorisant les agences régionales de santé (ARS) à fixer des quotas d’actes aux tarifs opposables. Quant à Jean-Luc Veret, il est clairement partisan d’une limitation des dépassements pour lutter contre le renoncement aux soins.
Finalement, c’est sur le financement de la Sécurité sociale que les divergences sont nettes. Jean-Pierre Door ne veut pas toucher à la CSG et à la CRDS mais préconise une contribution sociale sur des produits de consommation en provenance de pays extra-européens. Jean-Luc Préel est favorable à une hausse de la CSG et/ou de la TVA. Quant à Jean-Marie Le Guen, il estime qu’il manque, structurellement, 10 milliards de financement à la Sécu et que le pays « ne pourra se priver d’aucune recette, suppression des niches, fiscalité directe et indirecte ». N’en jetez plus !
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