Après la mise au point de l'Ordre, l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP) s'émeut des propos tenus à la suite des attentats de Barcelone par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur le repérage dans les structures psychiatriques des individus susceptibles de commettre un acte terroriste.
S’il reconnaît que « certains actes de terrorisme ont été commis par des individus souffrant de trouble psychique », le syndicat membre de la centrale CMH dit « ne [pas pouvoir] accepter la teneur des propos du ministre de l’Intérieur ». « La stigmatisation des malades mentaux ne peut apporter aucun élément de progrès, ni en général, ni sur ce sujet, argumentent les professionnels. L’amalgame entre le terrorisme et la psychiatrie n’est pas acceptable, pas plus que l’amalgame entre la criminalité et la psychiatrie. »
L’IDEPP « condamne toute surenchère et toute tentative de pointer la population des malades mentaux comme vecteur de criminalité, dangerosité et de terrorisme en particulier ».
Enfin, le syndicat et sa centrale s’inquiètent des « entorses potentielles » que les propos de Gérard Collomb pourraient induire sur la protection du secret professionnel.
« Vision simpliste »
Contacté par « le Quotidien », le Dr Rachel Bocher s'est dit pour sa part « outrée » des propos « extrêmement graves » du ministre de l'Intérieur. « Face à cette confusion entre le monde politique et le monde médical, j'en appelle au président de la République, fustige la présidente de l'INPH, psychiatre et chef de service au CHU de Nantes. Cette vision simpliste de la psychiatrie et ce renvoi de la problématique de la radicalisation et du terrorisme sur la scène médicale traduisent l'impuissance des services de police. »
Du côté des psychiatres libéraux, l'incompréhension est aussi vive. Le Dr Maurice Bensoussan, président du Syndicat des psychiatres français (SPF), appelle également à arrêter les amalgames et les confusions. « C'est très outrageant pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques », souligne le médecin, joint par « le Quotidien ».
Il rappelle également que la dangerosité reste « très complexe à évaluer ». « Des cadres existent déjà, les psychiatres ont des obligations de signalement, peuvent déroger au secret médical dans certains cas très précis, rappelle le Dr Bensoussan. Nous pouvons avoir une réflexion commune sur le sujet, mais chacun doit rester à sa place. »
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