Le premier CHU de France a su faire face à l'épidémie plus efficacement à l'automne qu'au printemps. À l'occasion d'un conseil de surveillance, les principaux responsables de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont fait un premier bilan positif de la gestion de la deuxième vague de Covid-19 jugée « sans commune mesure » avec la première.
« L'impact de cette deuxième vague a été moins important sur la saturation des services de réanimation », écrit l'AP-HP dans un compte rendu diffusé mercredi 6 janvier alors que le taux d'occupation des lits était revenu au niveau du mois d'octobre. Comme dans d'autres établissements, les équipes ont constaté une diminution de la durée moyenne de séjours des patients Covid admis en réa. Celle-ci s'explique par une amélioration des traitements et une meilleure prise en charge « en particulier en ambulatoire de ville », souligne le CHU francilien. « La prudence demeure », rappelle le conseil de surveillance qui constate une moindre baisse des hospitalisations depuis la mi-novembre.
Les blocs à 66 % de leur capacité
Les responsables de l'AP-HP expliquent qu'il a été possible, lors de la deuxième vague, de maintenir les activités traditionnelles à un niveau « sensiblement équivalent à celui de 2019 ». Une situation impensable au printemps. Des consignes de déprogrammation totale avaient alors été données au niveau national.
En médecine, l'activité en cancérologie et en hématologie est restée stable sur la période, « y compris pour les chimiothérapies et la radiothérapie », précise le compte-rendu. La cardiologie interventionnelle a cependant connu une diminution de 25 %.
À l’inverse, les blocs opératoires n'ont pu fonctionner qu'à 66 % de leur activité normale pendant la deuxième vague. La transplantation d'organes est la discipline la plus touchée avec une chute de 50 %. Viennent ensuite la dermatologie (-44 %), l'orthopédie (-33 %) et l'ophtalmologie (-29 %). Au total, la chirurgie a connu une activité moyenne en baisse de 15 % sur la période et sur toute l'année 2020.
En revanche, l'activité des urgences a essuyé une chute similaire à celle du printemps (-40 %). L'AP-HP explique cela notamment par la quasi-absence des grippes et bronchiolites et une diminution du nombre de passages de personnes âgées.
346 millions d'euros de surcoût
Si l'impact financier définitif de la crise sanitaire est encore incertain, le surcoût est aujourd'hui estimé à 346 millions d'euros. Environ 320 millions sont d'ores et déjà compensés par l'agence régionale de santé (ARS). « Le reste devant être versé très prochainement », précise le compte-rendu.
Le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch a également profité de ce conseil de surveillance pour présenter le projet social 2021-2025 du CHU qui a reçu un avis favorable à l'unanimité des membres présents. Il vante une « vision ambitieuse du service public hospitalier » qui a fait l'objet d'une discussion tripartite entre les organisations médicales, la communauté médicale et la direction.
Beaucoup des propositions retenues concernent les rémunérations et les effectifs. Il est prévu la création de 885 emplois dans les « métiers en tension » (infirmiers, kinés, sages-femmes et manipulateurs radio). 300 postes seront mis à disposition dans les services pour favoriser les promotions professionnelles et 115 seront octroyés, d'ici à 2021, dans 10 % des services qui souhaitent expérimenter de nouvelles formes d'organisations du travail.
L'art de l'exécution
En application des mesures du Ségur de la santé, la feuille de route prévoit enfin le recours aux heures supplémentaires majorées à 50 % pour limiter les contrats d'intérim médical. En outre, la formation des étudiants paramédicaux va être amplifiée, 1 800 logements seront mis à la disposition des personnels et l'emploi précaire devrait se réduire.
La maire de Paris et présidente du conseil de surveillance Anne Hidalgo a insisté sur la nécessité de mener à bien tous ces projets. « La politique c'est aussi l'art de l'exécution », a-t-elle rappelé.
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