Difficile de sortir de sa posture quand on est président d'une grande fédération hospitalière ou d'une centrale syndicale, et obligé de marquer son territoire face à ses concurrents.
Frédéric Valletoux, patron de la Fédération hospitalière de France (FHF), Lamine Gharbi (Fédération de l'hospitalisation privée) et le Dr Jean-Paul Ortiz (CSMF), ont pourtant joué la carte de l'ouverture et de la coopération lors du 3e colloque national des décideurs hospitaliers à Paris.
Tous l'affirment : la démographie médicale en souffrance, les contraintes financières et le défi des pathologies chroniques obligent les acteurs historiques à dépasser leurs différences. « Le système de financement nous met parfois violemment en concurrence mais nous devons davantage coopérer à moyen et long terme », a insisté Frédéric Valletoux (FHF), pour qui les groupements hospitaliers de territoire (GHT) sont la « première amorce » de ce changement de paradigme. D'aucuns affirment que cette réforme est un modèle d'hospitalocentrisme ? Le patron de la FHF se veut catégorique : sans la ville, le médico-social, les cliniques et l'hospitalisation à domicile, « tout seuls, les GHT n'ont aucun intérêt ».
Exercice regroupé, mixte, multisite, consultations avancées des spécialistes hospitaliers dans des territoires en mal de praticiens libéraux : le Dr Jean-Paul Ortiz, néphrologue libéral à Cabestany (Pyrénées-Orientales), assure de son côté que la médecine de ville est prête à des évolutions. « Nous irons dans le mur si nous restons sur nos positions. La population finira par nous le reprocher et le système implosera ! », prophétise-t-il.
Vœu pieux ou volonté sincère d'abattre les frontières entre la ville et l'hôpital ? Les acteurs du théâtre sanitaire français ne sont guère aidés par l'organisation en tuyaux d'orgue du système de santé, qui complique toute approche transversale.
La question du financement reste source de crispations. L'installation d'un jeune radiologue en ville nécessite un emprunt d'un million d'euros, souligne le Dr Ortiz. Mais rien à l'hôpital... Le sentiment d'inéquité est toujours vivace. A Frédéric Valletoux (FHF) qui se désole d'avoir vu la maternité privée de sa ville (Fontainebleau) fermer un 15 juillet sans avoir prévenu l'hôpital d'en face qui, lui, « n'aurait jamais fait ça », Lamine Gharbi (FHP) rétorque : « Les hôpitaux ont la vie devant eux. Nous, on n'a pas de dotations d'État ».
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