Deux ans après les faits, la guerre entre le Pr Didier Raoult et les chercheurs parisiens se poursuit devant la justice : le tribunal correctionnel de Marseille a examiné vendredi la plainte en diffamation de l'infectiologue marseillais, retraité de l'IHU Méditerranée Infection, contre son homologue parisienne Karine Lacombe*. Le délibéré est attendu le 22 novembre prochain.
Pour Didier Raoult, présent à la barre vendredi, l'attaque de Karine Lacombe à son encontre en juillet 2020, au micro d'Europe 1, est « insupportable ». La cheffe du service maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, interrogée sur les différences de taux de survie en réanimation entre Paris et Marseille, avancées par Didier Raoult, avait répondu : « Il a des actions en justice pour mensonges devant la commission parlementaire qui sont en cours. »
« Je me suis dit qu'il fallait arrêter ça »
L'infectiologue faisait référence à l'audition du Pr Raoult par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion par le gouvernement de la crise du coronavirus. À l'issue de cette audition, Martin Hirsch [alors à la tête de l'AP-HP] avait « envoyé une lettre à l'Assemblée nationale disant que j'avais fait un faux témoignage, mais il n'y a jamais eu de plainte », a rappelé vendredi le Pr Raoult.
« Je considère que c'est grave d'être accusé de faux témoignage devant l'Assemblée nationale, alors que je respecte ce pays », a insisté Didier Raoult à la barre, « on peut me traiter de fou, etc., mais quand j'ai entendu que cette fausse information a été colportée, je me suis dit qu'il fallait arrêter ça ». Par ailleurs, il a indiqué que sa plainte à l'encontre de Martin Hirsch suivait son cours.
Son conseil, Me Brice Grazzini, a insisté : « Le problème, ce n'est pas tant d'avoir parlé de "mensonges", c'est de faire penser qu'il y avait des actions en justice en cours », quelque chose qui « reste dans l'oreille de l'auditeur ».
Préjudice moral
Ces propos diffamatoires, selon Me Grazzini, ont engendré un préjudice moral « énorme » pour le Pr Raoult, et ce encore aujourd'hui. Estimant de ce fait « ne pas pouvoir l'évaluer », l'avocat réclame 10 000 euros à titre provisionnel pour son client.
La défense de Karine Lacombe et de la directrice de publication d'Europe 1 a plaidé la relaxe, se fondant sur la « bonne foi » de la médecin et de la station de radio.
Karine Lacombe n'est « pas une professionnelle de l'information », a défendu Me Virginie Marquet, affirmant qu'au moment où elle s'exprimait sur Europe 1, la Spilf (société de pathologie infectieuse) avait déposé plainte contre Didier Raoult. En juillet 2020, la Spilf a effectivement saisi l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône contre le Pr Didier Raoult, l'accusant notamment d'avoir indûment promu l'hydroxychloroquine, mais pas la justice.
L'autre conseil de Karine Lacombe, Me Maud Sobel, a dénoncé de la part de Didier Raoult « l'intention de porter atteinte à la liberté d'expression » de sa cliente, avec cette procédure en justice.
* La Pr Karine Lacombe contribue régulièrement à la rubrique Humeurs du « Quotidien du Médecin ».
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