C’EST LE COMITÉ pour le développement durable en santé (C2S) qui avait lancé l’alerte en septembre 2008 (« le Quotidien » du 18), estimant que certains produits cosmétiques pour bébés, notamment ceux distribués dans les maternités, n’avaient pas fait la preuve de leur innocuité et demandant l’application du principe de précaution. L’AFSSAPS, qui, précise-t-elle, « ne peut suspendre une activité ou prendre une mesure de police sanitaire que sur la base de preuves avérées ou d’une suspicion de danger qui doit être étayée par des données », a alors décidé de renforcer son dispositif de surveillance et d’élaborer des recommandations sur l’évaluation.
Les contrôles, réalisés fin 2008-début 2009 avec la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), ont porté sur les mallettes distribuées dans certaines maternités et sur les cosmétiques destinés aux jeunes enfants distribués en France. Composition, qualité microbiologique, étiquetage, contenu du dossier réglementaire : ces produits respectent la réglementation en vigueur. Le taux de conformité des échantillons analysés est même élevé, comparé à ceux obtenus pour les produits destinés aux adultes.
Mieux évaluer les risques.
Reste que les documents fournis à l’appui de l’évaluation de la sécurité pour la santé des moins de 3 ans apparaissent peu satisfaisants, en raison notamment, note l’AFSSAPS, de l’absence d’un raisonnement étayé spécifique à cette population et/ou l’absence de prise en considération des recommandations du Comité scientifique pour les produits de consommation (SCCP).
Les industriels devraient bientôt disposer, pour améliorer la qualité de leurs évaluations, des recommandations du groupe de 12 experts mis en place par l’AFSSAPS. Un projet a été adopté le 12 octobre et fait actuellement l’objet d’une consultation publique ; il devait être finalisé à la fin de l’année.
Pour les prématurés (âge post-conceptionnel inférieur ou égal à 35 semaines), les conclusions sont claires : compte tenu de la perméabilité et de l’immaturité métabolique de leur peau, il ne faut pas utiliser pour eux de produits cosmétiques – des protocoles de toilette devront être établis par ailleurs.
Pour les autres bébés, il faut tenir compte de différents facteurs de risque potentiels : l’importance du rapport surface/masse corporelle (2,3 fois plus élevé chez le nouveau-né que chez l’adulte), qui conduit à une concentration plasmatique, après absorption, plus élevée ; l’immaturité fonctionnelle des différents systèmes, notamment hépatique et rénal, jusqu’à 12 mois environ. À quoi il faut ajouter l’absence de connaissances précises sur les tranches d’âges exactes pour lesquelles les différents degrés de maturité métabolique sont atteints.
Il faut tenir compte aussi des conditions d’exposition. Le risque potentiel est ainsi jugé important pour le siège : surface non négligeable, sous occlusion durant toute la période d’acquisition de la propreté, faible épaisseur de l’épiderme des zones génitales, fréquentes ré-applications. Pour les autres zones, il faut en particulier renforcer les évaluations spécifiques des produits sans rinçage, comme certaines lingettes, susceptibles d’être appliqués souvent et sans limitation de durée dans le temps.
En attendant, les autorités sanitaires maintiennent une vigilance particulière et la France va attirer l’attention des autres pays de l’Union européenne sur la nécessité de renforcer les vérifications de ces produits pour bébé sur le marché européen.
Information sur le site de l’AFSSAPS, www.afssaps.fr.
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