La réglementation qui régit le fonctionnement des unités de soins critiques était restée inchangée depuis 2002. Sauf qu’entre-temps, la pandémie a fait son œuvre, forçant Olivier Véran à prendre des engagements forts. En mars dernier, le ministre de la Santé a présenté sa feuille de route « pour armer notre système de santé d’une filière de soins critiques structurée, à la capacité renforcée ». Trois décrets ont été publiés en ce sens le 27 avril au Journal officiel.
En actualisant le mode de fonctionnement des unités de soins intensifs et de réanimation - adultes et pédiatriques - ces textes viennent notamment concrétiser une promesse du locataire du Ségur : graver dans le marbre un ratio minimal d’infirmière par lit, de jour comme de nuit.
Deux infirmiers pour 5 lits en réa
À partir de juin 2023, date d’entrée en vigueur des textes réglementaires, les unités de réanimation adultes devront s’organiser pour disposer à terme de deux infirmiers pour « 5 lits ouverts » et d’un aide-soignant pour 4 lits, de jour comme de nuit. De plus, un kiné devra « être en mesure d’intervenir sept jours sur sept dans l’unité », précise le texte.
En unité de soins intensifs, polyvalente ou de spécialité - cardiologie, neurologie vasculaire ou hématologie - ce ratio baisse à un infirmier pour 4 lits. De jour, une aide-soignante devra être présente dans ces services pour 4 lits ouverts, un quota divisé par deux la nuit.
Formation de huit semaines
Alors qu’Olivier Véran s’est fixé l’objectif d’un infirmier pour deux lits de réa, le décret impose au ministère de remettre « dans un délai de dix-huit mois » un rapport « d’évaluation de la charge en soins infirmiers de réanimation, et du niveau d’adéquation du ratio ». En tenant compte des capacités de formation initiale en soins infirmiers et des besoins des patients, le décret prévoit d’atteindre - dans les 5 ans à venir - le ratio tant espéré d’un infirmier pour deux lits. Pour y parvenir, la création de 2 800 équivalents temps plein (ETP) d'infirmières est nécessaire.
« Ce n'est que le début », a réagi sur Twitter la Fédération nationale des infirmiers de réanimation, qui salue l'instauration de quotas mais aussi la mise en place d’un plan de formation aux soins de réanimation pour les infirmiers. L’un des décrets prévoit en effet « une période de formation pour les infirmiers prenant leur fonction dans l’unité de réanimation, sur site et dont la durée est de huit semaines ».
? Actualité ?
— Fédération Nationale des Infirmiers de Réanimation (@contactfnir) April 28, 2022
Aujourd'hui sont parus dans le Journal Officiel les décrets relatifs à l'activité de soins critiques et de soins intensifs, adulte et pédiatrique.
L'exercice infirmier dans les réanimations, ou unités de soins critiques, est mis en avant notamment :
1/2
Meilleure coordination
Pour fluidifier l’organisation des soins critiques, les textes prévoient également un minimum de contingent médical dans chaque unité, mais aussi la présence d’un « médecin coordonnateur de l’unité de réanimation », qui est « également le médecin coordonnateur de l’unité de soins intensifs polyvalents du plateau de soins critiques ». Une disposition pour « assurer un meilleur continuum entre soins intensifs et réanimation », indiquait, en mars dernier, Ségur.
« Le nouveau cadre définit des réanimations, des unités de soins intensifs polyvalents (USIP) ou de spécialités ayant vocation à se constituer en plateaux de soins critiques de taille suffisante pour garantir de bonnes conditions de fonctionnement », prévoyait encore le ministère. Est également actée l’organisation des soins critiques à l’échelle régionale puisque les services adultes ou pédiatriques doivent désormais faire « partie de la filière territoriale de soins critiques visant à favoriser et structurer les coopérations pour fluidifier les parcours de soins et notamment la gestion des transferts de patients », indique le décret.
Pour anticiper les pandémies à venir, le décret grave aussi dans le marbre la possibilité de disposer d'une réserve de soignants formés. Les unités de soins critiques devront désormais disposer d’un « plan de flexibilité » en ressources humaines, « permettant d’anticiper un surcroît d’activité en réanimation, dans un contexte de variations saisonnières ou de situations sanitaires exceptionnelles ». Le plan vise à constituer une réserve de soignants formés, pour venir en renfort des équipes de réa.
Former plus d'internes
À la publication des décrets, le Conseil national professionnel (CNP) de médecine intensive réanimation (MIR) a salué « une avancée », mais qui « ne répond néanmoins pas à l’ensemble des défis que rencontrent nos services ». Car, sur les 300 services de réanimation que compte le territoire, beaucoup souffrent encore de « pénurie chronique » de médecins. Au total, 330 postes de réanimateurs restent vacants, selon le CNP de MIR, qui souhaite désormais que l’organisation des soins critiques soit suivie « d’une augmentation durable du nombre de médecins formés à la spécialité ».
À quelques mois de la publication de l’arrêté d’ouverture des postes d’internes pour la rentrée prochaine, le CNP exige ainsi l’ouverture « d’au moins », 150 postes d’internes par an en médecine intensive réanimation sur les cinq prochaines années. L’année dernière, 21 postes supplémentaires avaient été ouverts en MIR à l’issue des ECN, passant de 74 internes à 95.
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne