Après l'emballement suscité par l'annonce d'une double greffe de mains en novembre dernier aux Hospices Civils de Lyon, l’équipe chirurgicale qui a réalisé la transplantation est revenue ce jeudi sur les circonstances de cette opération.
Le patient, Jean-Michel Shryve, 51 ans, père de trois enfants, a été amputé en 2010 des quatre membres (mains et pieds) suite à une nécrose secondaire à un purpura fulminans, due à un pneumocoque. Résidant dans le Nord, il a également subi une nécrose partielle de la face, ayant nécessité plusieurs interventions chirurgicales de reconstruction.
En 2012, il prend contact avec les équipes de chirurgie de l’hôpital Edouard Herriot et de la clinique privée du Parc de Lyon. En 2013, il est mis sur file d’attente, après un bilan pré-greffe complet, y compris sur le plan psychologique et psychiatrique. Le patient aura dû attendre 3 ans avant d'être opéré. Il a été mis sous immunosuppresseurs. « Ce traitement dure toute la vie du patient. Le suivi varie en fonction des complications induites », a déclaré le Pr Emmanuel Morelon, chef de service du service transplantation, néphrologie et immunologie des Hospices Civils de Lyon.
Un cadre juridique et éthique à définir
Le Pr Lionel Badet, chirurgien des HCL ayant participé à l’opération, a détaillé : « Le Conseil consultatif national de l’éthique a tracé le cadre réglementaire de la greffe et nous a poussés à faire du bilatéral. Cette question fait débat dans le monde médical. En Italie, par exemple, seules les greffes unilatérales sont autorisées. Aux États-Unis, les deux peuvent se faire. Il semble que la société française n’est pas complètement mûre ».
Le patient a reçu cette greffe composite (vaisseaux et tissus divers) dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC). En ce qui concerne la polémique lancée par Le Figaro s’interrogeant sur la légalité et le financement de cette opération, la réponse de l’équipe a été très claire : « La première greffe réalisée en 1998 était soumise à autorisation directe de l’AFSSAPS (aujourd’hui ANSM ndlr). Le PHRC déposé par le CHU de Lyon en 2000 a concerné cinq patients sur neuf ans. La dernière greffe s’est faite en juillet 2009 dans ce cadre ».
Ce dispositif ne permet pas en théorie d'inclure de nouveaux patients. « Compte tenu de nos bons résultats, nous avons demandé une extension du PHRC, qui a été accordée en octobre 2011 pour deux patients supplémentaires, financée par les HCL et par le PHRC. C’est donc dans ces conditions que nous avons pu greffer M. Schryve, en novembre 2016. Le PHRC est désormais bien clos, c’était le dernier patient ». Un protocole de recherche médico-économique (PRME) associant l'équipe lyonnaise et les greffeurs parisiens va bientôt démarrer. Les choses devraient évoluer, grâce à un amendement à la loi de finances de la sécurité sociale qui devrait permettre de greffer tous les patients en dehors de tout protocole de recherche.
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