Au service du développement durable

L’anesthésie verte et écoresponsable

Publié le 30/11/2015
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De nombreuses incitations réglementaires récentes, en particulier les décrets d’application des lois Grenelle I et II publiés en 2012invitent les établissements de soins à s’engager davantage dans la voie du développement durable.

Les blocs opératoires de par leurs caractéristiques intrinsèques (taille, nombre d’acteurs, achats de consommables, consommation énergétique, déchets spécifiques etc.) constituent un lieu pilote idéal pour la mise en place d’une démarche DD.

Un projet participatif et pluridisciplinaire

Le département des blocs opératoires de Gustave Roussy (GR) a initié depuis 2012 une démarche de développement durable sous la forme d’un projet participatif; cetted émarche s’inscrit dans la stratégie globale de développement durable de l’établissement initiée depuis 2011, qui a déjà à son actif la centralisation des achats, un plan de déplacements entreprise et plusieurs actions sur le circuit des déchets (chimiothérapies, DASRI (déchets d’activités de soins à risque infectieux), DAOM (déchets assimilés aux ordures ménagères), réactifs de laboratoire).

Différentes actions ont rassemblé les professionnels sur plusieurs thématiques parmi lesquels :

• refonte de la grille de tri des déchets : 43 % de réduction des DASRI au bloc opératoire ;

• recyclage et valorisation des métaux (bistouris, lames de laryngoscope) : 2,6 tonnes de métaux recyclés ;

• recyclage des papiers et valorisation des cartons : réduction de 28 % du volume des DAOM ;

• arrêt de l’utilisation du N2O, qui est aussi un puissant gaz à effet de serre et aurait des effets toxiques sur la santé. Confrontés à ces doutes quant à son innocuité, nous avons réduit son utilisation et augmenté la consommation d’halogénés sans surcoût du fait d’une renégociation des prix. En 2013, lors du remplacement du parc de respirateurs d’anesthésie, l’impact écologique de l’arrêt d’utilisation du N20 nous a semblé justifié en termes de bénéfices/risques. Sur le plan économique, cette solution s’est accompagnée d’une réduction de la facture des gaz médicaux puisque le réseau de N20 n’est plus utilisé.

La forte adhésion à ce projet participatif et pluridisciplinaire à tous les niveaux de métiers nous a confortés tant dans notre démarche que dans notre méthodologie. Aussi, afin de favoriser l’implication de chacun, nous avons souhaité que les économies réalisées soient réinvesties dans l’amélioration du cadre de vie au bloc opératoire (achat de gourdes recyclables et de chaussettes de contention, aménagement d’une salle « zen » en projet). Ce bilan positif a conduit la direction de GR à nous charger d’une mission de développement durable au niveau de l’ensemble de l’établissement, afin de répondre aux obligations réglementaires et aux objectifs de développment durable inscrits au projet d’établissement (5 axes identifiés : déchets, alimentation, énergie, achats responsables (4) et bien-être) et d’inciter les autres départements à entamer cette démarche.

Enfin, la présentation de nos travaux ainsi que d’autres initiatives (Grenoble, Rennes, Montpellier etc.…) au dernier congrès national de la Société française d’anesthésie réanimation a donné l’idée à celle-ci de créer un groupe développement durable. Il verra le jour début 2016 avec pour mission de fédérer et favoriser les initiatives locales, de sensibiliser au développement durable les professionnels d’anesthésie et de réanimation en mettant ainsi au service du développement durable notre force de frappe et notre culture de l’organisation.

Institut de cancérologie Gustave Roussy

(1) Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement

(2) Groupe d’étude des marchés produits de santé (gem-ps) mars 2013 : guide pour des achats durables appliqués aux produits de santé

(3) http://ec.europa.eu/environment/emas/index_en.htm

(4) gestions hospitalières 2015(546):577-82

Dr Jane Muret

Source : Bilan spécialiste