L'anesthésiste de Besançon, mis en examen pour 17 nouveaux cas d'empoisonnements de patients, a été laissé libre sous contrôle judiciaire dans la nuit de jeudi à vendredi, mais le parquet va faire appel de cette décision.
Après plusieurs heures d'audience à huis clos, la juge des libertés et de la détention a laissé le Dr Frédéric Péchier repartir alors que le parquet avait réclamé son placement en détention provisoire.
« C'est une décision juste et opportune », a réagi Me Randall Schwerdorffer, l'un des avocats de l'anesthésiste de 47 ans, désormais mis en examen pour 24 cas d'empoisonnements sur personnes vulnérables, dont neuf mortels.
Déjà interdit de pratiquer sa profession depuis sa précédente mise en examen en 2017, le médecin a désormais également interdiction de se rendre à Besançon et dans la commune voisine où il réside. Pour les victimes, « qui vivent depuis deux ans un véritable ascenseur émotionnel », ce maintien en liberté est « assez incompréhensible », avait déclaré l'avocat de parties civiles.
Éléments concordants
Le médecin avait été déféré au tribunal de Besançon jeudi matin, après 48 heures de garde à vue. L'anesthésiste a reconnu à la fin de son interrogatoire que « des actes criminels, des empoisonnements, ont bien été commis à la clinique Saint-Vincent », mais il a nié en être l'auteur. Pour le procureur au contraire, le médecin est apparu comme « le dénominateur commun des événements indésirables graves (EIG) » relevés par le corps médical entre 2008 et 2016.
Les 17 nouveaux cas d'empoisonnements présumés, retenus parmi 66 EIG suspects signalés, concernent des patients âgés de 4 à 80 ans. Ces patients opérés pour des interventions mineures ont pour la plupart fait des arrêts cardiaques lors des opérations.
Le mode opératoire, selon le procureur, consistait à « polluer des poches de soluté de réhydratation ou des poches de paracétamol avec des anesthésiques locaux ou du potassium ». Le médecin n'a jamais été pris sur le fait mais il est « au cœur d'un faisceau d'éléments concordants », a assuré le magistrat. Il se trouvait le plus souvent à proximité immédiate de la salle opératoire, a-t-il relevé, posant des « diagnostics précoces » lorsque rien ne permettait à ce stade de suspecter un surdosage en potassium ou aux anesthésiques locaux.
Selon lui, ces EIG s'inscrivaient « dans un contexte de conflit aigu » avec ses collègues anesthésistes ou chirurgiens de la clinique Saint-Vincent de Besançon.
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