« En préambule, on peut dire que la radiologie est aujourd’hui au cœur du système de soins. L’imagerie joue un rôle crucial aux urgences, dans la prise en charge des cancers et pour tous les types de diagnostics. La médecine a aujourd’hui de plus en plus besoin des radiologues. Et on peut regretter que nous soyons encore un peu trop souvent considérés comme des prestataires de services », explique le Pr Frank Boudghene, président du syndicat de la radiologie hospitalière (SRH).
Très investi depuis des années dans la réflexion sur la prise en charge territoriale, ce syndicat a plutôt bien accueilli une des mesures importantes de la loi santé : celle visant à mettre en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT). « Nous jugeons intéressant le fait de bâtir ces regroupements d’hôpitaux autour d’un projet médical partagé qui devra être finalisé au 1er juillet 2017. Et nous estimons que l’imagerie devra avoir toute sa place dans ce projet médical. Et c’est plutôt une bonne chose que figure dans la loi la possibilité d’avoir des pôles d’imagerie interétablissements », indique le Pr Boudghene.
Mais ce dernier avoue avoir été surpris face à la précipitation avec laquelle ces GHT se mettent en place. « On a le sentiment qu’ils se constituent davantage dans une logique de réorganisation des hôpitaux. Très peu de GHT se construisent autour d’un projet médical pour l’instant », souligne le président du SRH.
L’autre dossier qui préoccupe le syndicat est celui de la démographie radiologique dans les hôpitaux. « Aujourd’hui, d’après le CNG, nous avons dans notre spécialité 41 % de postes de PH temps plein, et 53 % des postes de PH temps partiel vacants. La situation est grave car nos hôpitaux ont besoin d’avoir des radiologues de qualité puisque l’imagerie impacte l’ensemble des services et des soins », souligne le Pr Boudghene. « Et si beaucoup de jeunes confrères se détournent aujourd’hui de l’hôpital, ce n’est pas forcément pour aller gagner plus d’argent en libéral. C’est souvent en raison de la lourdeur des tâches administratives et médicales qui mènent à l’épuisement des équipes. Ces dernières années, plusieurs réformes ont imposé un certain nombre de contraintes réglementaires, techniques ou technologiques. Cela était nécessaire pour améliorer la qualité des pratiques, mais l’impact sur nos activités doit être pris en compte. Par exemple, on organise aujourd’hui des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) pour la prise en charge des cancers. C’est à la fois très utile et efficient mais cela demande du temps. Et pendant qu’un radiologue participe à une RCP, nos appareils d’imagerie continuent de fonctionner, et la charge de travail de l’ensemble de l’équipe d’imagerie médicale s’en retrouve alourdie. Nos équipes doivent travailler davantage et de plus en plus vite, et il va finir par y avoir plus de réunions que de radiologues. Et à la fin, les gens s’épuisent », indique le Pr Boudghene. Un autre facteur est l’existence d’une tarification mal adaptée à l’activité de la radiologie hospitalière. « La T2A ne concerne pas notre activité interne. Tous les examens que nous faisons pour les patients de l’hôpital ne sont pas valorisés. En conséquence, nous sommes parfois vus comme une source de coût dans les hôpitaux, ce qui peut conduire à faire des recherches d’économies, qui vont porter sur les postes et les équipements », indique le Pr Boudghene. « C’est évident que ce contexte lourd et pesant détourne les jeunes radiologues de l’hôpital », ajoute-t-il. « C’est pour cela que notre organisation professionnelle a établi une plateforme de propositions pour renforcer l’attractivité hospitalière, et il devient urgent que nous soyons enfin entendus par nos tutelles à ce sujet ».
D’après un entretien avec le Pr Frank Boudghene, président du syndicat de la radiologie hospitalière (SRH).
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