Près de la moitié des décès survenus dans les prisons françaises seraient des suicides et le niveau de mortalité associée y serait bien plus élevé qu’en population générale, selon une étude menée par l’Institut national d’études démographiques (INED) et publiée dans la revue « Population ».
Le taux de suicide aurait considérablement augmenté, « avec 18,5 suicides enregistrés pour 10 000 personnes écrouées, pendant la période 2005-2010, il est aujourd’hui sept fois plus élevé qu’en population générale qui atteint 2,7 pour 10 000, en 2010, chez les hommes de 15 à 59 ans », indiquent les auteurs.
Pour obtenir ces estimations, la direction de l’administration pénitentiaire (DAP) a fourni à l’INED des données de la base nationale de gestion informatisée des détenus en établissement (Gide) en France. L’analyse des données a porté sur 378 000 détenus sous écrous, entre le 1er janvier 2006 et le 15 juillet 2009 en France.
Près de 378 suicides ont été recensés
De 2006 à mi-2009, le taux de mortalité brut par suicide était de 17,4 suicides pour 10 000 personnes écrouées sur une année alors que le taux de mortalité brut dans la population générale non détenue est de 9,1 pour 10 000 personnes. Lors de l’analyse, 378 suicides ont été recensés. Un taux particulièrement élevé pour les individus placés seuls en cellule ou en cellule « disciplinaire ». Les personnes condamnées pour des infractions violentes et sexuelles, condamnées à de longues peines présenteraient également un taux de suicide plus élevé. En effet, les personnes écrouées pour meurtre ont un taux de suicide de 47,6 pour 10 000, 27,2 pour viol, 23,9 pour une autre agression sexuelle, 16,2 pour une violence volontaire et de 9,6 pour une autre infraction. « Plusieurs facteurs peuvent expliquer le lien entre suicide et gravité de l’infraction principale : l’infraction en elle-même, les sentiments de remords par rapport à l’acte commis ou le sentiment d’injustice suite à la mise sous écrou, le stress et l’incertitude quant à la condamnation avant le procès, le verdict de culpabilité et une lourde peine de prison une fois la condamnation prononcée », notent les auteurs dans leur rapport.
D’autres résultats révèlent qu’en prison, les célibataires se suicident moins que les personnes mariées. Les personnes atteintes de troubles mentaux et du comportement, « plus fréquents chez les détenus que dans la population générale, sont aussi fortement associées au risque de suicide », indiquent les auteurs. Le taux de suicide est également élevé pour les individus hospitalisés au cours de l’étude puisqu’il représente 25,9 pour 10 000 personnes. « Les données sanitaires des personnes sous écrou relèvent du ministère de la Santé et n’étaient pas disponibles pour cette étude. Par ailleurs, l’administration pénitentiaire n’enregistre pas de manière systématique les tentatives de suicide, sauf si elles ont engendré des incidents au sein de l’établissement », précisent les auteurs.
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