UN TROU sur la fiche de paye allant de 40 à 3 000 euros : à l’AP-HM, l’affaire fait grand bruit. Sont concernés, tous ceux qui ont participé à la permanence des soins en novembre 2011, soit 540 médecins. Aucune des gardes et astreintes effectuées ce mois-là ne leur a été payée (il s’écoule toujours trois mois entre une garde et son paiement). Une jeune assistante spécialiste n’a ainsi touché que 1 966 euros en février, presque moitié moins que d’ordinaire.
L’explication ? La trésorerie générale de PACA a bloqué les fonds (550 000 euros). Partout en France, c’est le trésorier général payeur qui effectue le règlement des payes du personnel hospitalier, sur la base de justificatifs qu’est tenu de lui fournir l’établissement. Dans le cas présent, l’AP-HM n’a pas rempli ses obligations : la chambre régionale des comptes n’a pas retrouvé la trace d’un seul tableau de service sur la période contrôlée (2007-2010). Les tableaux nominatifs de présence manquent également. Rappelé à l’ordre par sa hiérarchie (« mis en débet »), le trésorier-payeur général, menacé de devoir rembourser sur ses fonds propres les salaires versés aux hospitaliers marseillais depuis quatre ans, a donc tapé un grand coup. Une mesure symbolique visant à protéger son patrimoine, et qui n’est pas du goût, on l’imagine, des praticiens du CHU.
Attestations de présence.
Après la sidération, place à la colère. « Cette décision est inadmissible, tempête le Dr Bertrand Mas, anesthésiste à la Timone, et vice-président du syndicat SNPHAR-E. Les tableaux de service manquent depuis dix ans, ce n’est pas une nouveauté. L’État se méfie de l’AP-HM et espère sans doute ainsi faire pression pour accélérer son informatisation ». En février, la Cour des comptes a sévèrement pointé du doigt les retards du CHU marseillais dans la mise en place du dossier patient informatisé.
Il s’agit d’un autre sujet, nuance la direction de l’AP-HM, qui tente de calmer le jeu. Loïc Mondoloni, directeur des affaires médicales, promet d’accélérer l’informatisation de la gestion du temps médical, mais il réclame un délai d’un an, le temps nécessaire « pour déployer le logiciel sur les 200 services ». D’ici là, il propose de fournir manuellement des attestations de présence à la trésorerie, de façon à débloquer l’argent. « Le versement devrait être effectué au plus tard le 6 mars », dit-il. Le SNPHAR-E a déposé un préavis de grève pour le 7 mars. « Nous cesserons la permanence des soins si nos gardes et astreintes ne nous sont pas payées d’ici là », prévient le Dr Bertrand Mas.
Après la suspension de la rémunération du travail de nuit, les médecins de l’AP-HM doivent-ils s’attendre à ne plus toucher de salaire ? Ce n’est pas à exclure. La menace a déjà plané sur d’autres hôpitaux dont l’informatique n’était pas à jour, mais n’a jamais été mise à exécution.
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »