LA FÉDÉRATION nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD) a fait de son congrès annuel un écho aux problématiques actuelles de démographie médicale. « Dans les territoires isolés, confrontés à une forte raréfaction de l’offre de santé traditionnelle, certains établissements d’HAD permettent à des médecins, des infirmières, des professionnels du médico-social, de rompre leur isolement et de mieux assurer leurs missions », affirme le Dr Élisabeth Hubert, présidente de la FNEHAD. L’hospitalisation à domicile, qui prend en charge 13 000 malades par jour et en soignera 30 000 en 2018, est présentée comme une solution pour réduire les inégalités de santé.
Pour Chantal de Singly, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) de l’Océan Indien (La Réunion et Mayotte), les établissements d’HAD sont plus qu’une alternative à l’hospitalisation : « Au-delà de leur rôle pivot dans le parcours de soin, ils soutiennent l’Agence dans la prévention et l’aident à identifier les facteurs environnementaux à risques, comme l’habitat insalubre », explique-t-elle. L’hospitalisation à domicile est très appréciée dans les campagnes profondes ou les montagnes métropolitaines. Les acteurs de territoires en difficulté en témoignent. En Indre, le Dr Denis Marchand, généraliste, a ainsi trouvé dans l’HAD les plateaux techniques nécessaires au suivi de patients lourds : « Entre Vierzon, Bourges et Paris, cela nous a ouvert de nombreuses possibilités thérapeutiques ».
De l’art de piloter.
Élu local et responsable de l’HAD de la Mutualité Française dans l’Aveyron, M. Delperie se dit pourtant « pessimiste ». « Il faut que le réseau parte du terrain », insiste-t-il. Hervé Maurey, maire de Bernay et sénateur centriste de l’Eure, enchérit : « L’ARS ne doit pas travailler seule dans son coin mais en coordination avec les professionnels pour définir des territoires de santé ».
Les ARS sont accusées de ne pas être assez à l’écoute des médecins. « On nous supprime des lits pour les mettre ailleurs alors que nos HAD répondent aux besoins », s’emporte le Dr Jacques Jacquet, coordinateur en Ariège. Le Dr Marchand raille, lui, le service de téléconsultation proposé par l’ARS : « c’est beaucoup trop lourd et relève d’une vision jacobine. La télémédecine nous suffit ».
À l’issue des débats, Élisabeth Hubert positive : « Nous avons tous les éléments en main pour renforcer la médecine de proximité. Il faut désormais que les régulateurs régionaux fassent dans l’opérationnel et coordonne les initiatives locales ». La balle est donc dans le camp des ARS. Jean Debeaupuis, directeur général de l’offre de soins (DGOS), leur a demandé de jouer un rôle majeur dans le cadre du « pacte pour l’HAD » pluriannuel, qui devrait voir le jour en 2013.
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