C'est une Saint-Valentin 2020 mouvementée que préparent les agents et les médecins de l'hôpital public. Alors que la crise perdure depuis 10 mois et que 267 services d'urgences s'affichent toujours en grève, 13 syndicats et collectifs de soignants appellent à une nouvelle journée de grève et de manifestations le 14 février, trois mois après le 14 novembre, quand plusieurs milliers d'internes, médecins et paramédicaux avaient défilé dans la capitale à l'appel du collectif inter-hôpitaux (CIH).
Cette fois encore, le CIH fait partie des contestataires avec trois autres collectifs (Inter-urgences, Inter-blocs, Printemps de la psychiatrie), deux syndicats de praticiens hospitaliers (les urgentistes de l'AMUF, la centrale APH), les syndicats CGT, CFDT, SUD, CFTC, CFE-CGC, UNSA et les usagers de la coordination nationale de défense des petits hôpitaux.
« On veut rallumer la flamme de l'hôpital », glisse avec malice Jacques Trévidic, président de la centrale APH, rejointe vendredi 25 janvier par les trois autres grandes intersyndicales de PH : SNAM-HP, INPH, CMH. C'est donc une première : l'ensemble de la communauté syndicale de praticiens hospitaliers appelle « à une nouvelle journée de mobilisation et de grève le 14 février 2020, pour que le gouvernement réponde concrètement, par des actes forts, aux exigences d’ouverture urgente de […] négociations ». C'est, selon eux, « une urgence républicaine ».
Établissements « exsangues »
Soignants, médecins (du CIH en particulier) et usagers insistent pour que ces négociations, qui doivent porter en priorité sur le budget et les salaires hospitaliers, soient menées « avec le premier ministre et le président de la République, seuls capables de débloquer la situation afin de sortir de la crise actuelle ». Après une rencontre plus que mitigée avec des représentants du CIH et des 1 200 médecins hospitaliers démissionnaires en fin de semaine dernière, Agnès Buzyn n'est pas interpellée par les hospitaliers mécontents.
« L'hôpital public est exsangue et n'est plus capable d'assurer son rôle de service public, mettant en cause l'égalité d'accès, d'accueil et une prise en charge de qualité sur tout le territoire, alertent une nouvelle fois les signataires. […] Des pans entiers de l'activité hospitalière [...] s'effondrent et les réponses du gouvernement ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux. »
Outre l'ouverture de négociations sur l'avenir de l'hôpital public, les hospitaliers continuent de réclamer une augmentation du budget hospitalier « au moins égale à l'évolution naturelle des dépenses de santé » (soit un ONDAM à 4,4 %), des hausses de salaires pour tous les hospitaliers en particulier « en début de carrière », des recrutements « immédiats », la reconnaissance de la pénibilité, l'arrêt des fermetures de services et d'établissements et des réouvertures de lits « partout où cela est nécessaire ».
Les différents collectifs inter-hôpitaux répartis sur tout le territoire doivent tenir ce dimanche 26 janvier des assemblées générales pour définir les modalités d'actions du 14 février. Une « grande manifestation » est d'ores et déjà prévue à Paris.
Selon l'AFP, la grève du 14 novembre a été suivie par un médecin hospitalier sur quatre et un personnel paramédical sur dix.
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