Douze ans que le personnel médical italien, condamné à des rythmes exténuants, attendait ça.
À partir du 25 novembre, le temps de travail hebdomadaire à l’hôpital sera limité à 48 heures en moyenne sur une période de référence de 13 semaines, conformément à la réglementation européenne. Pour le corps médical, il s’agit d’une victoire. « Dans certaines régions, les médecins hospitaliers accumulent 700 heures supplémentaires par an et sans compensation particulière. Certains spécialistes travaillent... 36 heures de suite. Ce rythme infernal pose des problèmes pour la sécurité des patients », assène le Dr Carlo Palermo, vice-secrétaire national de l’association des médecins cadres (Anaao).
Pendant des années, les médecins hospitaliers ont réclamé en vain le respect du contrat de travail. « Mon contrat prévoit 38 heures par semaine. Mais cela, c’est sur le papier. Dans la pratique, c’est tout autre chose », explique Marco Macrì, médecin urgentiste.
L’an dernier, les blouses blanches avaient déterré la hache de guerre et menacé de saisir les tribunaux pour obtenir le paiement des heures supplémentaires effectuées « à titre gracieux » depuis 2003. « Selon nos estimations, cela veut dire environ 10 millions d’heures supplémentaires au niveau national depuis 2003 ! », explique le Dr Carlo Palermo. En espèces sonnantes et trébuchantes, cela équivaut à quelque 3,5 milliards d’euros, selon les calculs du quotidien milanais « Il Corriere della Sera ».
Travailler moins pour recruter plus ?
Reste que cette bonne nouvelle pour les médecins hospitaliers transalpins risque de virer au cauchemar pour les hôpitaux, déjà en flux tendu, et les patients. « Avec l’application de cette directive et le départ en retraite progressif de 30 000 médecins d’ici à 2020, le gouvernement n’a pas le choix, il va devoir recruter », veut croire Carlo Parlermo.
Mais l’exécutif de Matteo Renzi et avant lui, d’Enrico Letta et de Silvio Berlusconi se sont toujours refusés à le faire au prétexte que les caisses sont vides. Le problème ressemble à un casse-tête chinois pour des régions comme le Latium, la Calabre, le Molise ou encore la Campanie, qui doivent se plier à la logique des plans de restructuration financière et se serrer la ceinture pour rééquilibrer des comptes dans le rouge.
Selon les calculs des syndicats de praticiens, le gouvernement devrait débloquer une enveloppe permettant le recrutement de quatre à cinq mille médecins hospitaliers pour amortir le choc du temps de travail ! Ce n’est pas gagné : l’exécutif tente plutôt de réduire les frais de santé en révisant les prestations remboursables.
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