Médecins et conférences hospitalières n'ont visiblement pas la même vision du système de santé de demain. Dans la foulée de la remise en grande pompe, ce vendredi 14 décembre, du rapport « Le CHU de demain. Symbiose, créativité et excellence » par les présidents de conférences aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur, trois organisations de futurs médecins et un syndicat de libéraux ont exprimé leur mécontentement.
D'une même voix, les carabins (ANEMF) et les internes (ISNAR-IMG et ISNI) ont dénoncé une « vision hospitalo-centrée, bien loin de la réalité du terrain », conséquence selon eux d'un manque de concertation. « Le CHU n'est pas le centre de gravité du système de santé comme veut le faire croire ce rapport », tancent les jeunes.
Contre les réseaux
« Le CHU n'a pas la mainmise sur la formation, le soin ou la recherche. » Par cette phrase, les organisations de futurs médecins résument les principaux griefs qu'ils font au rapport.
Les jeunes s'opposent ainsi au fait de faire du CHU le seul lieu de formation des professionnels de santé. « Nous revendiquons une formation qui rend compte de la diversité du monde de la santé à travers la multiplicité des exercices », et notamment en ville.
Les trois syndicats pestent aussi contre l'organisation territoriale proposée par les conférences qui veulent créer une dizaine de « réseaux de CHU » sur toute la France afin de développer une nouvelle forme de gradation des soins dans laquelle le CHU serait central. Mais pour les jeunes, c'est autour des « bassins de vie, en fonction des besoins des populations » que doit être pensée l'organisation des soins dans les territoires. « Il est temps de comprendre que l'intérêt du patient se trouve dans la coordination entre la ville et l'hôpital. »
Seule la volonté décrite dans le rapport de faire évoluer le statut hospitalo-universitaire vers une contractualisation des missions semble plaire aux trois organisations qui voient cette réforme comme « une nécessité ». En somme, le CHU de demain, tel que proposé par les conférences, « ressemble hélas à celui d'hier », concluent les trois syndicats.
Les libéraux aussi ont sorti les griffes. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a ainsi chargé un « rapport passéiste » porteur de « propositions rétrogrades ».
À l’instar des jeunes, la CSMF regrette un rapport hospitalo-centré, « à l'heure où au contraire les récents discours des responsables politiques veulent enfin faire reposer notre système de santé sur la médecine de ville ». Une proposition des conférences irrite tout particulièrement le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz. C'est la volonté de créer une mission de prévention pour les CHU. « Comment imaginer que les CHU, souvent distants de plusieurs centaines de kilomètres des bassins de vie puissent assumer ce dépistage précoce », s'interroge la CSMF.
Le premier syndicat de libéraux appelle ainsi le gouvernement à prendre des décisions « en rupture avec ces vieux schémas tournés vers le passé ». Il veut aller vers la fin du statut hospitalo-universitaire pour créer un statut unique de la profession, « partagé entre le soin, l'enseignement et la recherche, dans les différents lieux où ces trois missions s'exercent » et non plus seulement au CHU.
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