Jeudi 2 juillet, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) organisait entre ses murs la « journée des soignants et des patients », moment d'échange entre professionnels de terrain et citoyens sur l'avenir de notre système de santé.
Dans la troisième assemblée du pays, la question de la démocratie sanitaire et de la gouvernance hospitalière a animé les débats. Une fois n'est pas coutume, c'est un ancien directeur d'hôpital qui s'est offusqué du manque de représentativité des personnels non-médicaux dans la gouvernance des établissements. « 85 % des personnels d'un hôpital ne sont pas médecins. Il faudrait une parité de la représentation dans les conseils d'administration », a professé Jean-Michel Toulouse, retraité du Centre hospitalier sud francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne).
« Ce que dit une infirmière a autant d'importance que ce que dit un médecin », a abondé le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), qui juge l'hôpital « imperméable à la démocratie ». Selon lui, le pouvoir politique devra « bouleverser les corporatismes » s'il veut bouger les lignes à l'hôpital. « Il n'y a pas de gouvernance possible sans démocratie », sermonne le Dr Pelloux.
Déshumanisation du système
Avec celle des soignants, la place des élus locaux dans les instances de direction des établissements a été débattue. « Il faut redonner aux membres du conseil d'administration un pouvoir qu'ils n'ont plus », propose Jean-Michel Toulouse. Le directeur retraité voudrait revenir sur une disposition de la loi Bachelot de 2009 et réintégrer les élus à la gouvernance, « les seuls qui ont une légitimité démocratique ». Avis partagé par Michèle Leflon, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, qui veut aller encore plus loin : « Il faut aussi rétablir les élections des administrateurs de la Sécurité sociale et cesser avec la désignation des usagers dans les instances par le directeur de l'agence régionale de santé ».
Enfin, c'est la situation des patients/usagers au sein des instances de direction des hôpitaux qui a alimenté les discussions. Représentante des usagers à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Marie Citrini dénonce les « strapontins » qui lui sont réservés dans les commissions d'éthique et la « déshumanisation du système ». « La gouvernance au plus près des usagers est fondamentale pour arriver à un hôpital plus bienveillant », exhorte celle qui est aussi militante du collectif inter-hôpitaux (CIH). Elle plaide pour un rééquilibrage des pouvoirs au détriment du seul directeur de l'hôpital. « Il y a quatre piliers, les médecins, les soignants non-médecins, les usagers et les gestionnaires, résume-t-elle, mais ce dernier ne peut pas indiquer seul la voie à suivre ».
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