Face à la progression du Covid-19, le gouvernement a demandé vendredi 6 mars aux hôpitaux et à l’ensemble des établissements de santé de déclencher le premier niveau du plan de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles – également appelé plan de mobilisation interne. Depuis cette date et selon la situation, le déclenchement du niveau 2 « pourra être activé » par les hôpitaux, a indiqué le ministère de la Santé. Ce deuxième (et dernier) degré de réponse des établissements de santé au coronavirus correspond à ce qu'on appelle le plan blanc. Dans les EHPAD, l'équivalent est le plan bleu. Un guide en ligne d'aide à la préparation et à la gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles précise la marche à suivre en s'appuyant sur les retours d'expériences de précédents évènements : attentats, épidémies à virus Ebola, MERS-CoV, chikungunya et Zika. « Le Quotidien » fait le point.
À l'hôpital : personnels, lits et équipements testés « à froid » puis recalibrés
Depuis 2004, chaque établissement de santé public ou privé est dans l'obligation de se doter d'un plan afin de réagir rapidement à un événement inattendu : afflux de blessés, prise en charge de patients atteints par un agent infectieux émergent, infection associée aux soins.
Activé par le directeur d'hôpital ou à la demande de l'agence régionale de santé, le plan blanc est régulièrement retravaillé et testé « à froid » pour préparer les personnels. Il se traduit par la mise en place d'une cellule de crise hospitalière (CCH) qui doit être montée en moins de 45 minutes (c'est également le cas en niveau 1 de mobilisation). Cette cellule gère à l'échelle de l'établissement toutes les actions à mettre en place : répartir les patients, reporter les interventions, ouvrir des lits supplémentaires, renforcer les équipes en rappelant des personnels en renfort.
Pour ce faire, l'établissement doit au préalable définir ses capacités d'accueil aux urgences et en hospitalisation (lits de surveillance continue et de réanimation, lits d’hospitalisation classique, etc.). Il doit également recenser le nombre de lits en chambre individuelle (adulte et pédiatrique), les équipements de protection individuelle disponibles, les capacités de diagnostic microbiologique et la réalisation sécurisée des examens de biologie médicale nécessaires pour la conduite des soins.
Question ressources humaines, le plan blanc définit les conditions pour que le personnel soit maintenu sur place ou rappelé le cas échéant rappelé.
Tous les plans blancs sont regroupés au sein du plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) géré à l'échelle nationale.
Dans l'Oise, les hôpitaux de Creil et Compiègne (Oise) ont activé leur plan blanc dès le 25 février afin de rappeler du personnel hospitalier pour la mission de recherche de cas contacts. Colmar et Mulhouse (Haut-Rhin) ont fait de même le 7 mars. Dans ce dernier hôpital, les visites sont interdites sur l'ensemble des sites afin de préserver la sécurité des patients et des professionnels de santé, a annoncé l'établissement le 9 mars. Les services de chirurgie ont reporté de nombreuses opérations. « Tout a été déprogrammé pour pouvoir accueillir dans les meilleures conditions possibles l'ensemble des patients qui souffriraient » du Covid-19, a expliqué Jean Rottner, médecin et actuel président de la région Grand Est, assurant que « la situation [est] maîtrisée d'un point de vue hospitalier et sanitaire ». L'hôpital a ouvert trois salles de régulation supplémentaires pour gérer les appels en très forte hausse. Le CHU de Besançon a lui aussi activé son plan blanc le 9 mars, et, avec lui, reporté 70 opérations de chirurgie, ouvert une salle de débordement des appels au centre 15 et multiplié par quatre le nombre de ses lits en infectiologie.
En EHPAD : prévention, hygiène et restriction des visites
Le plan bleu aide à l'élaboration d'un protocole spécifique en fonction de la nature de l'alerte (épidémique, canicule, interruption alimentation électrique…), remis à jour chaque année. Comme à l'hôpital, une cellule de crise est créée en cas de besoin et un responsable est nommé (directeur ou médecin coordonnateur). Ce dernier doit estimer la gravité de la situation et évaluer les besoins de l’établissement ainsi que les moyens dont il dispose. Le plan bleu peut être déclenché par le directeur de l’établissement ou à la demande du préfet de département.
Réunies en groupe de travail, les équipes des EHPAD s'interrogent par exemple sur la pertinence de déplacer des personnes âgées à l'hôpital et malades plutôt que de faire venir un praticien de l'hôpital en cas d'alerte. Les décisions prises sont consignées dans le plan bleu actualisé.
Dans le cas d'un risque infectieux, l’hygiène des mains des soignants après les soins est fortement rappelée. Les modalités de prise en charge et de transferts de patients avec les établissements proches sont précisées.
Les gestes du quotidien sont revus au peigne fin. Si une personne est à l'isolement, les équipes s'interrogent sur la nécessité de laver son linge à part, sur l'évacuation des déchets de sa chambre, sur le matériel de protection à porter, etc. Le plan bleu prévoit aussi des mesures de restriction des visites aux résidents.
Dans les établissements privés des groupes Korian ou Orpea, celles-ci sont désormais interdites, sauf « situation particulière » ou « autorisation exceptionnelle ». À Rennes, six maisons de retraite ont également décidé de fermer temporairement leurs portes aux visiteurs.
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