Le divorce semble consommé entre le Pr Christian Perronne, chef du service d'infectiologie de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, et ses confrères de la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette dernière a voté le 1er décembre une motion pour condamner les propos « proférés publiquement » par le PU-PH « attaquant nommément un médecin exerçant à l'AP-HP ».
Adopté à l'unanimité, le texte de la CME dénonce « toute attaque ad hominem proférée publiquement par tout médecin, quelles que soient ses fonctions ». « De telles déclarations sont le terreau dont se nourrissent les internautes pour mener des campagnes d’insultes haineuses sur les cyber-réseaux pouvant aller jusqu’à des menaces de mort mettant gravement en danger les personnes visées et leurs familles », peut-on lire. La CME condamne ainsi des paroles qui « contreviennent gravement à la confraternité » et « considère que de tels propos sont indignes et doivent être sévèrement sanctionnés ». Elle en appelle à la direction de l'AP-HP pour saisir le conseil de l'Ordre des médecins.
Injures et menaces de mort
La motion de la CME reste toutefois muette sur la teneur des allégations incriminées. « Les propos de monsieur Perronne n'étaient pas en eux-mêmes injurieux à l'égard de notre collègue, un jeune infectiologue », précise le Pr Rémi Salomon, président de la CME, joint par « Le Quotidien ». « Mais ce sont des propos qui ont suscité, sur les réseaux sociaux, de la part des internautes, des injures et des menaces de mort », poursuit le chef du service de néphrologie pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades.
Selon un autre membre de la CME, les attaques du Pr Perronne visent le Dr Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique au service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat (AP-HP). Dans le documentaire complotiste « Hold-up, retour sur un chaos », le PU-PH chargeait les « articles complètement délirants contre la chloroquine » qui paraissent, à commencer par une méta-analyse publiée le 26 août à laquelle a participé le Dr Peiffer-Smadja. Celle-ci montre l’inefficacité de la molécule sur le Covid-19 et le risque accru de mortalité quand elle est associée à de l’azithromycine. Contacté ce lundi par « Le Quotidien », le Dr Peiffer-Smadja n'a pas souhaité réagir.
Également contacté ce lundi, le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), lui aussi membre de la CME de l'AP-HP, déclare s'être abstenu de voter cette motion de condamnation. « La communauté médicale ne sait plus dialoguer avec elle-même », déplore le célèbre urgentiste. Selon lui, l'épidémie de Covid-19 et la médiatisation qu'elle entraîne pour certains a rendu « le monde hospitalo-universitaire ingérable ». Pour gérer les conflits entre médecins, « il n'y a qu'un organisme, c'est le conseil de l'Ordre », rappelle-t-il.
Féroce contempteur de la politique menée par les autorités pendant la crise sanitaire, le Pr Christian Perronne est connu pour être un fervent défenseur du recours à l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 et pour ses déclarations polémiques.
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