Nouvelle gouvernance, nouveaux projets, nouvel élan : après la fermeture du service de médecine interne, de très fortes tensions et le départ de plusieurs praticiens sur fond de dialogue de sourds, l’hôpital privé associatif Joseph Ducuing-Varsovie a nommé une nouvelle direction et reconstruit son projet médical. Une volonté assumée de tourner la page pour cet hôpital toulousain après des mois d’une crise sans précédent qui a conduit, fin 2021, au départ de quatre médecins internistes et d’une oncologue (dont l’ancien président de la CME), puis à la fermeture temporaire des 36 lits de médecine interne.
Médecine sociale et d'excellence
Créé en 1944 pour soigner des républicains espagnols réfugiés dans la région, il est resté un hôpital militant qui revendique une médecine sociale, accessible au plus grand nombre. Établissement privé à but non lucratif, adhérent de la Fehap, Joseph Ducuing-Varsovie est dirigé par l’association des amis de la médecine sociale (AMS) et constitue, à Toulouse, le dernier hôpital de centre-ville aux tarifs opposables sans dépassements d'honoraires (avec le CHU).
Il prend en charge 15 000 patients par an dans le cadre de ses activités MCO, réalise 2 500 accouchements par an dans sa maternité et développe une activité historique de soins palliatifs et de SSR. Doté d’une unité méthadone, l’établissement est également pionnier dans la prise en charge des patients en addiction.
Climat dégradé
En 2020, dans un contexte de climat social très dégradé, un état des lieux avait été confié au centre d'étude et de recherche travail organisation pouvoir (Certop). Ce laboratoire rattaché au CNRS avait alors conclu à la nécessité d’un changement de direction et à la reconstruction d’une offre de soins. « En tant que membres de la CME, nous ne parvenions plus à dialoguer avec la direction et face aux difficultés du quotidien, il était devenu impossible de trouver des accords ou des compromis », décrit le Dr Guillaume Morcely, chef du département d’anesthésie et vice-président de la CME, qui officie à Joseph Ducuing depuis 22 ans.
Nommée le 24 février à la direction de l’établissement, Cathy Garcia, ancienne directrice des soins, affiche une feuille de route claire. « Ma première mission est bien sûr de reconstruire ce service de médecine, un médecin polyvalent vient d’être embauché et d’autres suivront, explique-t-elle. Quatre lits seront rouverts ce mois-ci et nous visons la pleine capacité avec la réouverture des 36 lits d’ici à la fin de l’année. Ce que nous souhaitons, c’est retrouver nos patients au plus vite. Pour le reste, pas de copier-coller, nous allons innover. »
Retour à l’équilibre budgétaire visé en 2024
Parmi les axes stratégiques et projets : la montée en puissance de l’activité de chirurgie orthopédique et de la maternité, avec la création d’une sixième salle de naissance pour réaliser 3 000 accouchements par an dès 2023. La consolidation des urgences est également au programme pour cet hôpital de centre-ville. « Il nous manque aujourd’hui deux équivalents temps plein de médecins urgentistes pour fonctionner correctement mais les recrutements sont particulièrement difficiles dans cette spécialité », reconnaît Cathy Garcia. L’hôpital souhaite par ailleurs multiplier les partenariats avec les cliniques privées et le CHU dans plusieurs spécialités. Cette croissance de l'activité globale doit permettre de retrouver l’équilibre financier à horizon 2024.
De fait, dans cet hôpital privé à but non lucratif, l’équation financière reste sans doute la plus compliquée à résoudre. La masse salariale y pèse très lourd, à hauteur de 73 % du budget. « C’est beaucoup, même si les salaires des soignants sont chez nous inférieurs de 30 % à ceux des grands groupes de santé privés », tempère la directrice.
Pour soutenir ces nouveaux projets, l’agence régionale de santé (ARS) Occitanie n'a pas débloqué de budget à ce jour mais elle attend une offre de soins aboutie pour accompagner l’hôpital toulousain.
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