« On ne voit pas d'embellie ! » Le jugement du Dr Olivier Milleron est grave. Pour le cardiologue de Bichat (AP-HP), membre actif du collectif inter-hôpitaux (CIH), rien ou presque n'a vraiment bougé depuis la naissance de ce mouvement il y a juste un an.
Malgré la crise sanitaire, le long mouvement social qui a secoué l'hôpital, le Ségur de la santé en juillet et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021, les trois revendications centrales du CIH restent inabouties : arrêt total des fermetures de lits, recrutements massifs et augmentations généralisées de 300 euros net mensuels.
« Il n'y a aucune correspondance entre les paroles et les actes du gouvernement », accuse le Dr Olivier Milleron. Le 18 novembre, Olivier Véran a assuré lors du séminaire national des hospitaliers vouloir sortir du « dogme » des réductions de lits. Or, le projet de campus hospitalo-universitaire Grand Paris Nord porté par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), « prévoit toujours la suppression de 30 % de lits d’hospitalisation complète en médecine, chirurgie et obstétrique », s'offusque le Dr Milleron. Il demande une révision du projet à l'aune de la crise sanitaire.
Deux milliards qui manquent encore
Du côté des recrutements promis, le Pr Agnès Hartemann, diabétologue à la Pitié-Salpêtrière, ne cache pas son inquiétude. Car si l'augmentation de l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) pour l'hôpital s'avère plus élevée que les années précédentes à cause des coûts directs de la crise et des mesures du Ségur, cette progression reste très insuffisante à ses yeux pour couvrir les besoins. « Il y a un défaut de recettes de près de 2 milliards, ces économies se réaliseront en dégradant les soins », calcule-t-elle. Qui plus est, la part de financement qui repose sur la tarification à l'activité (T2A) n'a pas beaucoup évolué. « On est donc dans la même situation qu'avant le mouvement social », regrette la PU-PH.
Malgré les accords salariaux signés en juillet, et traduits dans ce budget de la Sécurité sociale, « le Ségur de la santé n'aura été qu'un fantastique exercice de communication », juge le Pr Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert-Debré (AP-HP). Le PU-PH se fait peu d'illusions sur la capacité de l'hôpital public à « faire face dans les années à venir aux nombreux défis de santé publique » qui l'attendent.
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