Les ministres de la Santé et les gouvernements se succèdent, mais la vigilance reste de mise à la Fédération hospitalière de France (FHF). Au lendemain d’une rencontre avec la ministre de la Santé Catherine Vautrin, le président du lobby hospitalier, Arnaud Robinet, a rappelé lors d’un point presse mardi 21 janvier les lignes rouges du secteur.
Le Premier ministre François Bayrou a beau avoir annoncé une augmentation de 3,3 % des dépenses de santé (Ondam) en 2025 au lieu des 2,8 % prévus par le précédent gouvernement, sa ministre Catherine Vautrin a beau avoir confirmé dans la foulée que cette hausse se traduirait par une rallonge d’un milliard d’euros pour les établissements de santé, la FHF n’est pas rassurée pour autant sur l’avenir immédiat de l’hôpital public. En cause : un déficit qui s’est encore aggravé en 2024 au point d’atteindre 3,5 milliards d’euros – sans compter les Ehpad publics. Si les données restent encore à consolider, la FHF estime que le déficit des CHU devrait passer de 800 millions d’euros à 1,3 milliard d’euros et celui des centres hospitaliers de 1,1 milliard d’euros à 2,2 milliards d’euros.
Confirmer le fléchage du budget vers les soins
Dans ce contexte financier ultra-contraint, la déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet, prévient : le coup de pouce budgétaire annoncé « doit aller réellement aux soins, en particulier aux activités de psychiatrie, de soins palliatifs, de médecine, de réadaptation et de pédiatrie », activités considérées « en dette de santé publique et/ou sous-financées ». Cette enveloppe doit aussi servir à « renforcer les missions d’intérêt général (innovation, recherche) », a-t-elle insisté. Pas question que ce milliard d’euros serve à rembourser la dette. Là-dessus comme sur tout le reste, la FHF sera « vigilante ».
Mais encore faudrait-il que le gouvernement adopte enfin un budget de la Sécu (PLFSS) pour 2025. Après la censure du dernier texte présenté par le gouvernement Barnier, « chaque jour de retard dans le PLFSS pour 2025 accentue la fragilité de nos établissements », a insisté Arnaud Robinet, qui rappelle qu’il y a « urgence ».
Une loi de programmation sinon rien
Même si elle « salue » l’engagement pris par François Bayrou « d'inscrire notre système de santé dans une logique de planification pluriannuelle » des dépenses, la FHF a également indiqué qu’elle restera sur ses gardes concernant la concrétisation de cette promesse. Ce protocole de financement devra courir sur 2025-2027, exhorte-t-elle. « Et nous jugerons sur pièces », a insisté Arnaud Robinet, qui espère que l’exécutif aura donné des gages significatifs avant le mois de mai, date du grand salon hospitalier SantExpo. De son côté, la FHF s’engage à « poser le cadre » d’une telle « loi de programmation » et à lancer un chantier sur « la rédaction d'un document collaboratif retraçant les axes incontournables » de cette future loi.
La fédération a déjà identifié quelques points clés qui pourraient prendre la forme d’articles dans cette loi : orientations stratégiques fixées à partir d’objectifs de santé publique « dont la réduction de la prévalence des maladies chroniques et l’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé », financement et équilibres économiques, accès aux soins et prévention, recherche, innovation et numérique, équipements et investissements, psychiatrie et santé publique, formation, compétences et métier.
Pas question non plus de relâcher la pression sur la loi grand âge, maintes fois promise par le gouvernement sans que cela soit suivi d’effet. « Cette loi reste sur la table, veut croire Marc Bourquin, conseiller stratégie à la FHF. On espère que cela va avancer rapidement à la fois sur les modalités et dans la réponse aux besoins. »
Enfin, la fédération a réagi à l’annonce du gouvernement relative à la baisse du montant des indemnités journalières dans la fonction publique sur les arrêts maladie de courte durée : « Nous ne sommes pas contre, mais nous restons vigilants », a conclut Arnaud Robinet.
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