Après l'Auvergne Rhône-Alpes la semaine dernière, c’était ce mardi au tour de la région Pays de la Loire de décliner sa stratégie régionale en matière d'investissements hospitaliers, à l'occasion d'un déplacement d’Olivier Véran sur le chantier du futur Institut sarthois du cancer au Mans.
La région bénéficiera de 1,238 milliard d'euros sur l'enveloppe nationale de 19 milliards ainsi que sur ses propres crédits, a annoncé le ministre, interpellé lors de sa visite par les syndicats hospitaliers, en particulier sur la question lancinante de la désertification médicale.
1,2 Md€ pour revitaliser la santé dans les territoires en Perloir. Au Mans, construction d’un institut du cancer, à Laval reconstruction des urgences et de la réanimation, à Cholet restructuration du pôle santé mentale : le Ségur modernise les soins pour tous les Français pic.twitter.com/Ozez6ggFOI
— Olivier Véran (@olivierveran) November 16, 2021
Dans le détail des chiffres, un peu plus d'un milliard d'euros sont fléchés vers le sanitaire – dont 270 millions issus du Fonds d'invervention régional (FIR) à la main de l'ARS –, 90 millions vers les Ehpad et 68 millions pour la santé numérique.
49 hôpitaux verront une partie de leur dette reprise pour 204 millions. En outre, la région comptabilise 80 projets d'investissements sanitaires dont « 12 projets structurants soutenus au titre du Ségur », les autres ayant vocation à être financés dans la cadre du FIR.
Chantiers énormes à Nantes et Angers
Plusieurs hôpitaux de la région sont en chantier dont le plus emblématique est le CHU de Nantes, projet lancé en 2016 et qui doit aboutir, d'ici à 2027, à regrouper sur le site unique « Ile de Nantes » l'ensemble des activités de court séjour éparpillées dans quatre secteurs, chantier qui suscite toujours de fortes polémiques. Sur le montant global du projet de 1,2 milliard d'euros, le coup de pouce est conséquent : 400 millions d'euros dont 175 au titre des investissements Ségur.
L'autre mastodonte de la région, le CHU d'Angers, percevra une aide de 129 millions d'euros, soit presque le tiers du budget de son projet de création d'un nouveau bâtiment regroupant les plateaux techniques (urgences, bloc, imagerie, réanimation renforcée) qui est ainsi validé. « C'est un effort très important de l'État pour la modernisation de notre infrastructure, se réjouit Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice du CHU. Avoir des locaux neufs et dans le dernier état de l'art c'est aussi un élément très important d'attractivité pour les jeunes médecins ». Le reste du budget de ce projet est financé pour un tiers par un emprunt et pour un autre par de l'autofinancement. « Ce projet a été rendu possible par la bonne situation de l'établissement, souligne Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS. Les efforts d'efficience qui ont été demandés aux équipes sont aujourd'hui réinvestis dans leur outil de travail ».
Reconstruction des urgences à Laval
Pour autant, ce ne sont pas que les têtes de pont de la région qui sont récompensés ; les hôpitaux en difficulté sont également soutenus. Ainsi, le projet prévoyant la reconstruction des urgences vétustes (et du service de réa) au CH de Laval, où les urgences sont régulièrement fermées la nuit reçoit 31 millions de crédits Ségur pour le mener à bien (sur un coût total de 39 millions).
L'ARS aussi décidé de favoriser les projets qui intègrent des coopérations sur le territoire (public/privé ; premier recours/médico-social, etc.). Le projet d’Institut sarthois du cancer du Mans est ainsi le fruit d’un partenariat public/privé. Il repose sur deux opérations immobilières : un plateau technique et de consultations porté par le centre Jean Bernard et un regroupement des unités d’hospitalisation, de consultation et de soins de support du CH du Mans et de la clinique Victor Hugo. Objectifs : créer un centre d’excellence dans la prise en charge du cancer mais aussi regrouper les moyens de chimiothérapie, de médecine nucléaire et de radiothérapie. « Nous avons besoin d’une coopération extrêmement étroite dans les territoires les plus tendus sur le plan de la démographie médicale », explique Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'ARS Pays de la Loire.
Investir, un levier d'attractivité
Autre transformation : le projet Monet Nord du CH du Mans (133 millions d’euros) vise à fluidifier la prise en charge des patients et à renforcer l’attractivité médicale de l’établissement. Il s’agit de regrouper les blocs opératoires et l’imagerie, la reconstruction des urgences, du SAMU, en intégrant le futur service d’accès aux soins (SAS) en partenariat avec la médecine libérale. Mais aussi de reconstruire la réanimation et les services de cardiologie et neurologie. Aujourd’hui, l’investissement est évidemment « un levier d’attractivité », a expliqué Nicolas Durand. « Mais, cela ne suffit pas. Il faut un projet médical et attirer des professionnels ou à les maintenir en poste ». Ce qui passe aussi par « maintenir une offre complète ».
Comme en Mayenne, la Sarthe est confrontée à de graves difficultés sur le plan de la démographie médicale avec un manque de généralistes et de spécialistes libéraux de proximité mais aussi des services d’urgence en surchauffe.
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