Coup de théâtre mardi au Ségur de la santé : le nouveau Premier ministre Jean Castex s'est invité à la réunion avec les syndicats, annonçant une rallonge de plus d'un milliard d'euros pour les salaires des personnels non médicaux et ajoutant « les questions d'emplois » au menu des négociations.
La surprise a été révélée peu après 19H par un tweet du chef du gouvernement, accompagné d'une photo le montrant aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et de l'animatrice du Ségur Nicole Notat.
En amont de la conclusion du Ségur de la Santé, j'ai ouvert la réunion de négociation avec les personnels paramédicaux. J'ai annoncé une enveloppe de 7,5 milliards d'euros, et insisté pour que les questions d'emploi soient également intégrées à la négociation. pic.twitter.com/D5pyU02vM6
— Jean Castex (@JeanCASTEX) July 7, 2020
Sa présence n'avait pas été annoncée. Le Premier ministre, entré en fonction vendredi, est resté environ une heure, avant de laisser Olivier Véran poursuivre les discussions. Son entourage a fait état d'un « symbole fort » à l'heure des travaux conclusifs.
Pas les mains vides
Le Premier ministre n'est pas venu les mains vides. « J'ai annoncé une enveloppe de 7,5 milliards d'euros », soit 1,1 milliard de plus que l'enveloppe proposée la semaine dernière pour revaloriser les personnels non médicaux, a-t-il résumé. Cette hausse « est importante, sur une base qui était déjà historique », a insisté Matignon. L'exécutif avait déjà concédé une première rallonge de 400 millions, portant à 6,4 milliards l'enveloppe pour les personnels hospitaliers (hors médecins, internes et étudiants).
Malgré ce nouveau geste financier, les syndicats se sont dit déçus mardi soir de cette séance. En cause : la répartition de l'enveloppe entre augmentation générale, révision de grilles salariales et refonte des primes. Les syndicats revendiquent de longue date 300 euros net supplémentaires pour tous les agents hospitaliers du secteur public. « Avec ces mesures, l'enveloppe disponible pour la hausse générale des salaires ne pourra pas dépasser 165 euros. C'est beaucoup trop peu », a calculé mardi soir un responsable syndical, regrettant de ne « pas être entendu ».
D'autant que des zones de flou demeurent. Le gouvernement envisage d'étendre des mesures de revalorisation au secteur privé et introduire une part d'« intéressement » collectif dans les rémunérations.
Pour les syndicats, le compte n'y est pas
Au moment précis où le gouvernement annonçait cette rallonge, les principaux syndicats de personnels hospitaliers étaient entendus à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête sur la gestion du Covid-19.
Chacun d'eux a pu réagir à chaud aux annonces. Pour Olivier Youinou (SUD santé), c'est une fin de non-recevoir. « Le Ségur ne répond toujours pas aux engagements pris par Emmanuel Macron pendant la crise ». Tous s'accordent à dire que les 7,5 milliards d'euros désormais sur la table ne permettent pas d'atteindre la revalorisation de 300 euros net. « Le compte n'y est pas, il faut bien plus que 8 milliards », affirme Gilles Gadier (FO). « Ça ne permet pas de compenser les années injustes de gel du point d'indice », abonde Astrid Petit (CGT). Seule Clotilde Cornière (CFDT Santé) note une avancée. Selon elle, un chèque de 8 milliards d'euros permettrait d'atteindre tout juste la revendication socle en intégrant le secteur privé.
15 000 créations de postes ?
Pour les syndicats, un deuxième point suscite des crispations : les effectifs. Lors de son intervention, Jean Castex indique avoir « insisté pour que les questions d'emploi soient également intégrées à la négociation ». « Chaque établissement hospitalier sera invité à réaliser un diagnostic partagé de la situation de ses effectifs (postes vacants, absentéisme, besoins de formation...) et de ses activités », a confié l'entourage du Premier ministre.
Alors que la hausse des effectifs réclamée par les syndicats ne faisait jusqu'à présent pas partie de la discussion, 15 000 créations de postes seraient sur la table, selon une source syndicale, qui évoque un « point positif ». Mais l'éventualité que ces embauches promises soient financées sur la même enveloppe que les revalorisations salariales risque de durcir la fin des négociations.
Selon un participant, le Premier ministre veut conclure rapidement, avec un protocole d'accord soumis à signature pour vendredi.
Les internes et médecins hospitaliers devaient être reçus au ministère ce mercredi après-midi. Mécontents des 600 millions d'euros de revalorisations qui leur ont été proposés la semaine dernière, les praticiens hospitaliers, internes et étudiants en espèrent au moins le double.
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