Le collectif inter-hôpitaux (CIH), qui regroupe personnels hospitaliers et usagers, interpelle le gouvernement ce mardi sur les projets de restructuration toujours en cours dans les hôpitaux et CHU, et les fermetures de lits prévues en leur sein.
Alors que de nombreux services de réanimation étaient appelés à la grève ce mardi dans toute la France pour protester contre un manque de reconnaissance et de moyens, les membres du collectif ont mis en avant « les fragilités du système de santé » accentuées par la pandémie de Covid, après des années de « réduction des dépenses ».
Ils exigent la réévaluation « de tous les projets (de restructuration) actuels avec une nouvelle focale », les besoins de la population locale, et la réouverture de lits pérennes dans les zones déficitaires. « Il est temps de sortir du dogme comptable et de la politique du coup par coup », plaide le Dr Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat (AP-HP). Le CIH appelle, en outre, à une journée d'action le 29 mai sur tout le territoire, dans le cadre d'une mobilisation internationale pour défendre l'accès aux soins.
Baisse du nombre de lits
« Le président de la République a pris l’engagement d’un plan massif d’investissement et de revalorisation pour l’hôpital, quoi qu’il en coûte, rappelle le Dr Milleron. Et le ministre de la Santé appelait à sortir du dogme de la réduction des lits, or nous constatons l’absence de concrétisation de ces engagements dans les reconfigurations hospitalières en cours ! »
Le collectif en veut pour preuve plusieurs projets hospitaliers en cours à Caen, Rennes, à la Réunion, Nantes, Nancy, Reims ou encore dans le nord de Paris, qui prévoient une baisse du nombre de lits.
Au CHU de la Réunion, l'aide à la réduction du déficit avait été conditionnée à des fermetures de lits et une baisse du personnel, assure le Dr Véronique Boisson, médecin réanimateur dans l'établissement. Sur 1 378 lits de MCO, 119 doivent être supprimés. « La crise a retardé l'échéance, mais 69 lits ont déjà été supprimés, creusant le déficit structurel, déplore la médecin. On compte 380 lits pour 100 000 habitants, contre 560 en métropole et ce alors que la population réunionnaise augmente avec de nombreuses pathologies chroniques. Il n'y a aucune prise en compte des particularités territoriales ! »
« Sortir du dogme comptable »
Au CHU de Nantes, dont le transfert sur un autre site prévoit une suppression de 280 lits, les inquiétudes sont du même acabit. « Les passages aux urgences augmentent de 3 % par an depuis 20 ans, à Nantes on est passé de 65 000 passages par an en 2010 à 91 000 patients en 2019, avec une durée moyenne d'attente de 6 h 20, rapporte le Dr Florian Vivrel, médecin urgentiste. Pour décider de garder un patient, nous sommes obligés d'effectuer un triage, ce qui met la responsabilité des urgentistes en jeu. »
À l'hôpital de Lorient (Morbihan), la restructuration a été opérée il y a huit ans. 10 % des lits de médecine aiguë et de chirurgie ont été convertis en lits d’hôpitaux de semaine, faisant passer les lits d'hospitalisations complètes de 472 à 423. « Les lits d’hôpitaux de semaine fermant le vendredi, cela signifiait que nous avions un déficit d’une cinquantaine de lits pour accueillir les patients venant des urgences à chaque fin de semaine », pointe le Dr Éric Sartori, neurologue. Selon le médecin, cela a induit un épuisement collectif et de l'absentéisme au sein des équipes, avec « une perte de sens du travail accompli ».
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