Au Ségur de la santé, les négociations salariales s'affinent… Et se musclent ! Une dizaine d'organisations syndicales de praticiens hospitaliers (PH) et de jeunes* ont claqué la porte, mardi 23 juin, d'une réunion sur les rémunérations des personnels médicaux pour dénoncer l'absence de « mesures concrètes de revalorisation ».
Une semaine avant la fin de la concertation lancée le 25 mai, les syndicats espéraient des annonces chiffrées du ministère, en vain. Dans le document de travail présenté aux participants, plusieurs leviers d'attractivité et bonus sont actés par l'exécutif mais aucun montant n'est fixé. Au menu : la « revalorisation » de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE, 490 euros brut mensuels après trois ans d'exercice sans activité libérale, 700 euros après 15 ans), aujourd'hui perçue par neuf PH sur dix en centre hospitalier et huit PH sur dix en CHU, associée à la création d'une nouvelle tranche de majoration, accessible à un certain niveau d'ancienneté, elle aussi à définir.
Pour attirer et fidéliser les médecins, la tutelle inscrit aussi dans le marbre la suppression des trois premiers échelons de la grille de rémunération des PH tandis que la création de nouveaux paliers valorisés en fin de carrière sera en parallèle « étudiée ». Les internes eux aussi verront leurs salaires « revalorisés », lit-on dans ce document de travail.
Revendications de longue date des syndicats, la « reconnaissance » des activités non cliniques (recherche, enseignement, gestion de projet, fonctions institutionnelles, coordination), la revalorisation de la participation à la permanence des soins (PDS) et du temps de travail additionnel (TTA) sont aussi à l'ordre du jour.
L'intérim médical ? « Interdit » au-delà des conditions réglementaires – durcies par Agnès Buzyn en 2019 mais dont certains hôpitaux en mal de praticiens n'hésitent pas à s'affranchir.
Mesures indigentes
L'absence totale de chiffrage, à ce stade, et le recyclage de mesures de Ma santé 2022 ou plus anciennes (contrat unique, facilitation de l'exercice mixte, généralisations des entretiens professionnels, formation au management) ont laissé un goût amer aux participants. « C'était une réunion pour rien », sermonne le Dr Rachel Bocher, présidente de l'INPH. Le document de travail n'avance que des « mesures indigentes, il aurait pu être écrit il y a quatre ans », cingle le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des présidents de CME de centres hospitaliers. « Il nous faut des éléments vraiment concrets, sinon on discute pour rien », résume Jacques Trévidic, président d'Action praticiens hôpital (APH).
Pour éviter au gouvernement de mener la danse dans les derniers jours de négociations, les PH et les jeunes ont complété eux-mêmes le document du ministère et fixé leurs lignes rouges. Les organisations réclament ainsi 5 000 euros net mensuels en entrée de carrière (contre 3 754 euros) et 10 000 euros (contre 6 383 euros) au 13e échelon, avec effet au 1er septembre 2020. S'agissant de l'IESPE, ils exigent une revalorisation immédiate à 1 000 euros net mensuels et une augmentation de 250 euros tous les cinq ans. Pour les internes, un « rattrapage » de 300 euros net mensuels est réclamé.
Les valences non cliniques (« enseignement, recherche, construction et animation de filières territoriales ») devront par ailleurs être reconnues à hauteur de « 20 % minimum des obligations de service ».
« Passé l'instant de consternation », les syndicats attendent la reprise des négociations et une réponse claire du gouvernement. La conclusion des travaux du Ségur est attendue mi-juillet.
* Les centrales syndicales (APH, CMH, INPH, SNAM-HP), Jeunes médecins, les internes en médecine (ISNI), en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM)
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