Si les chimiothérapies ciblées à un organe donné sont en plein développement en cancérologie, leur intérêt est amoindri par la persistance d'une toxicité à distance en raison d'un passage dans la circulation systémique.
Dans la revue « ACS Central Science », des chercheurs californiens expliquent avoir mis au point un dispositif absorbant, une sorte « d'éponge », qui, une fois placé transitoirement en aval de la tumeur par voie endoscopique, est capable de capter le surplus de chimiothérapie non captée dans l'organe ciblé. Plus de 50 à 80 % de la dose médicamenteuse injectée ne sont pas retenus par l'organe cible, rappellent les auteurs.
64 % de l'anticancéreux retenu
Testé chez le porc sain, ce dispositif poreux de petite dimension (5 mm de diamètre et 30 mm de longueur) s'est révélé capable de retenir 64 % de l'anticancéreux administré, ici de la doxorubicine connue pour entraîner une toxicité cardiaque. Il n'y a pas eu d'événement indésirable immédiat lié au dispositif, ni caillot, ni dissection veineuse, ni problème de biocompatibilité. L'idée en pratique consiste à placer cet absorbant dans la circulation veineuse en aval de l'organe, auquel est délivrée une chimiothérapie intra-artérielle. Le dispositif est ensuite retiré quelques heures après.
Pour y parvenir, l'équipe de Nitash Balsara indique avoir utilisé l'impression en 3D pour obtenir la structure cylindrique poreuse faite de polyéthylène glycol. L'intérieur du support est constitué d'un maillage recouvert d'un composé se liant à la doxorubicine (sulfonate), ce quadrillage étant suffisamment lâche pour laisser passer les globules rouges.
Dans le cancer du foie
Les chercheurs indiquent que ce type de dispositif présente une application toute trouvée dans le carcinome hépato-cellulaire. Tandis que la chimiothérapie est habituellement administrée par voie endovasculaire dans l'artère hépatique, il serait question alors de déployer l'absorbant en aval au niveau d'une veine hépatique, de la confluence des veines hépatiques ou de la veine cave sus-hépatique en passant par la veine cave supérieure.
Ce type de procédé pourrait également être décliné dans d'autres cancers d'organe, par exemple le rein ou le cerveau, mais aussi dans des infections bactériennes afin de limiter le champ d'action d'antibiotiques puissants et particulièrement toxiques. « C'est un concept applicable de façon générale », estime Steven Hetts, de l'université de Californie et coauteur.
Si ce travail préliminaire est la première preuve de concept in vivo, les chercheurs envisagent de passer d'emblée à l'homme et de demander à cet effet l'autorisation d'études cliniques à l'autorité régulatrice américaine, la FDA.
H. Ho Jeung et al., ACS Central Science, DOI:10.1021/acsentsci.8b00700, 2019
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