IL NE S’AGIT que d’une hypothèse de travail, insiste le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Trop tard : la colère est installée. Élus, professionnels de santé et usagers ont manifesté samedi à Clichy pour le maintien d’une offre de proximité.
L’incompréhension est d’autant plus vive que les urgences de Beaujon sont régulièrement présentées comme un modèle. Le service s’est remis en selle et a réduit ses temps d’attente après un audit privé. Xavier Bertrand, alors ministre, était venu saluer la performance en 2006.
Alors, pourquoi un tel projet ? Deux hypothèses sont envisagées. Une fermeture des urgences de Beaujon de 18h à 8h, ou de 0h à 8h. La directrice de l’hôpital, Christine Welty, expose le contexte. « L’hôpital Beaujon se regroupe avec les hôpitaux Bichat, Bretonneau et Louis Mourier. Bichat et Beaujon sont à un kilomètre de distance. Regrouper partiellement les urgences sur Bichat permettrait de redéployer les moyens et de développer d’autres activités, comme la chirurgie, la médecine spécialisée ou la cancérologie, sur l’un ou l’autre site ».
70000 passages par an.
Les urgences de Bichat, récemment refaites, enregistrent 70 000 passages par an, contre 28 000 à Beaujon, où les locaux sont vétustes, mais la qualité des soins au rendez-vous. « C’est un service qui fonctionne bien, concède Benoît Leclercq, directeur général de l’AP-HP. Évoquer un problème ne veut pas dire que la solution est trouvée. La question est de savoir si cela peut fonctionner mieux encore ». La directrice de Beaujon invoque la dette publique, « énorme », pour justifier des choix. « Si ce scénario est retenu, les urgences vitales resteraient prises en charge à Beaujon. Le transfert concernerait la bobologie. Aller à Bichat pour une fièvre un samedi soir, ce n’est pas dramatique », déclare Christine Welty.
Plusieurs dizaines de services parisiens (l’AP-HP en compte 700) sont concernés par des projets de réorganisation. Les décisions seront arrêtées dans les prochains mois. La communauté médicale s’est engagée à soutenir les restructurations à venir, mais la direction de l’AP-HP redoute l’allumage de feux en série dès lors qu’un transfert d’activité est évoqué. Le Pr Pierre Coriat, président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, précise : « Tout projet médicalement pertinent sera appuyé par la CME. Mais la communauté médicale ne s’impliquera pas dans les restructurations guidées uniquement par le retrait d’emplois. Si tel devait être le cas, je démissionnerai, ainsi que les deux tiers des chefs de pôle qui comme moi s’y sont engagés ».
Les syndicats médicaux de l’AP-HP et le mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) appellent les médecins de l’AP-HP à participer à une assemblée générale le 15 décembre, à la Pitié-Salpêtrière (Paris), pour faire le point sur la situation.
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