Hasard du calendrier, le long-métrage « Première année » sort quelques jours seulement avant la présentation de la stratégie de transformation du système de santé (le 18 septembre) dont l'un des volets concerne la refonte de l'entrée dans les études de santé et le sort du numerus clausus.
Lors de sa campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait envisagé la remise à plat du numerus clausus jugé « périmé », « injuste et inefficace ».
Depuis une semaine, les hypothèses sur la suppression de ce verrou anxiogène vont bon train. Le député LREM de l'Isère Olivier Véran a confirmé qu'il travaillait avec d'autres parlementaires sur des propositions allant vers la suppression du numerus clausus. Au mois de janvier déjà, le neurologue hospitalier proposait d'instaurer un numerus apertus, c’est-à-dire un seuil plancher d'étudiants à former et non plus un plafond défini annuellement par l'État. Le déverrouillage sera-t-il partiel, total ? Une sélection sera-t-elle réintroduite en troisième année ? Mystère.
Dans une interview accordée au « Quotidien », le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facultés de médecine, a confié être « en phase avec le numerus apertus et la disparition du terme numerus clausus » qu'il juge trop « frustrant ». Néanmoins, la conférence veut maintenir une régulation du nombre de praticiens formés. Plutôt qu'un numerus clausus national, la conférence préfère « une régulation avec une modulation régionale, adaptée aux nécessités démographiques et calibrée sur les capacités d'accueil pédagogiques des facultés ».
Réforme de la PACES
La refonte plus globale de la PACES est également dans les tuyaux. Depuis 2014, des expérimentations d'alternatives à cette première année ont été déployées. L'objectif est de diversifier l'accès au cursus de médecine et les profils des futurs praticiens. Plusieurs modèles (PACES adaptée sans redoublement, AlterPACES et licence sciences de la Santé) sont mis en place dans une vingtaine de facs, sous diverses modalités. Dans un bilan d'étape réalisé en 2016-2017 par le Pr Jean-Paul Saint-André, ex-président de l'université d'Angers, les résultats étaient mitigés. Parmi les écueils, l'auteur soulignait un « déficit d'attractivité » et, toujours, un manque de diversification des profils.
Sans attendre les arbitrages, la réforme du numerus clausus a déclenché une vague de commentaires et de réactions dans le monde médical.
10 ans pour former
La plupart des syndicats de médecins libéraux craignent une dérégulation totale du système, à la fois absurde, inefficace et dangereuse. « Ouvrir les vannes du nombre de médecins formés n’aura qu’un impact dans dix à douze ans – trop tard ! – et ne résoudra en rien les problèmes actuels d’accès aux soins », met en garde le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Le SML prévient : pas question de « dégoupiller la grenade » en accueillant tout le monde pour des raisons démagogiques : séduire les jeunes et se réconcilier avec les élus locaux.
Pour les jeunes généralistes et remplaçants, le numerus clausus « qui prouve chaque jour son inefficacité » a certes vécu mais une réforme en profondeur s'impose. « La reconnaissance des diplômes au sein de l’Union Européenne rend ce concours totalement inutile. Un nombre important d’étudiants français choisissent de se former à l’étranger et d’exercer en France, argue le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR. En 2016, plus de 10 % des nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins avaient un diplôme de l’Union Européenne. »
Comme d'autres, il souhaite la mise en place de critères de sélection différents valorisant les compétences relationnelles plutôt que la « capacité à retenir un maximum de choses » en un minimum de temps.
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