Chaque année depuis 2004, les épreuves classantes nationales (ECN) mettent en compétition plusieurs milliers de futurs médecins – ils étaient plus de 8 700 en 2015. Un bon classement à ce prestigieux examen est primordial puisque le choix de sa spécialité et de sa ville d’affectation en dépendent directement.
Alors que l’édition 2015 vient de se terminer, « le Quotidien » a retrouvé la trace de la plupart des majors de promo, huit femmes et quatre hommes, passionnés par leur métier, comme ils nous l’ont raconté. Que sont devenus ces jeunes gens brillants ? Que leur a apporté cette réussite aux ECN ? Paroles de major.
Promo 2004 - Cécile Colavolpe, 34 ans
PH, Service de médecine nucléaire, hôpital de la Timone, Marseille
La première major des ECN est aujourd’hui médecin nucléaire à l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille. Elle n’a pas opté pour une carrière hospitalo-universitaire à laquelle elle semblait prédestinée. « Je suis très satisfaite de mon choix, c’est un juste équilibre pour concilier ma vie personnelle et professionnelle » expliquait il y a un an la jeune femme, mère de deux enfants.
Promo 2005 - Camille Soullier, 33 ans
PH, Service cardiologie, CHU de Nîmes
« Être major n’a pas eu d’influence majeure sur mon parcours et sur ce que je voulais faire. Mais ça a beaucoup fait plaisir à mes parents et à ma famille ! » Camille Soullier a tracé sa voie en sachant très tôt ce qu’elle voulait faire. La jeune femme, mère d’un enfant, a décliné une carrière hospitalo-universitaire à l’issue de son clinicat pour exercer au CHU de Nîmes. « La cardiologie, le soin des patients, c’est vraiment ça qui me plaisait, et la carrière universitaire, c’était s’en éloigner, au moins à 50 %. » Cela ne l’empêche pas d’être chargée d’enseignement et de s’occuper d’un DIU d’échographie cardiaque. Des regrets ? « Aucun, je suis super heureuse ! », répond Camille Soullier.
Promo 2006 - Mathieu Pankert, 33 ans
Praticien attaché, Cardiologie, hôpital de la Timone, Marseille
Après un assistanat, Mathieu Pankert est devenu praticien attaché dans le service cardiologie de l’hôpital de la Timone. En novembre, il quittera Marseille pour rejoindre Avignon. « J’avais la possibilité de rester, mais je préfère partir à Avignon, d’où je suis originaire » raconte le jeune homme, marié, père d’une petite fille. Durant son internat, il a effectué un stage d’un an à l’institut de cardiologie de Montréal. « Je me suis spécialisé dans la cardiologie interventionnelle, coronarographie, angioplastie, remplacements valvulaires percutanés… Le fait d’aller au Canada pour n’y faire que ça m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel. » Son succès aux ECN lui a permis de décrocher le financement nécessaire pour s’exiler un an. « C’est plus facile de rencontrer les gens et de les convaincre, reconnaît Mathieu Pankert. Et puis ça fait plaisir. On a une petite notoriété, un article dans le journal de la fac... » En contrepartie, « ça met plus de pression. On est un peu plus attendu au tournant. On a moins droit à l’erreur ».
Promo 2007 - Aurélie Chabrol, 31 ans
Assistante, Service de Radiologie, Centre Hospitalier Saint-Joseph - Saint-Luc, Lyon
C’est au centre hospitalier Saint-Joseph - Saint-Luc qu’Aurélie Chabrol entend poursuivre sa carrière médicale. Après un Master 2 en imagerie médicale, la voie vers une carrière universitaire était pourtant toute tracée. « Quand on est pas trop mal classé aux ECN, on a un peu l’étiquette carrière universitaire, raconte la jeune femme. Mais cela ne correspond pas forcément aux aspirations de chacun. » Aurélie Chabrol opte finalement pour un poste d’assistante. « Je fais de la radio, je vois des patients tous les jours, c’est comme cela que je conçois d’exercer mon métier » explique-t-elle. Son succès aux ECN ? « On a un peu de pression au début, on est sollicité pour donner quelques conférences, écrire quelques livres... J’ai apprécié de partager mon expérience avec les étudiants, se souvient Aurélie. Et puis on passe très vite à autre chose ! »
Promo 2008 - Noémie Ranisavljevic, 30 ans
En thèse à l’institut Curie.
Major en 2008, Noémie Ranisavljevic opte pour la gynécologie à Montpellier. La jeune femme se découvre très vite une passion pour la recherche. Après un Master 2 en biologie-santé, elle entame, en novembre 2014, une thèse à l’institut Curie. Son succès aux ECN lui a ouvert des portes. « Sur le coup, je n’ai pas réalisé, mais par la suite, je pense que cela m’a aidé à décrocher des bourses, des stages à l’étranger, confie la jeune femme. C’est plus facile d’obtenir une mise en disponibilité, le doyen vous connaît... » Elle doit encore terminer son internat et boucler son dernier semestre de stage. Son cursus a été interrompu le temps d’une maternité. « Ça prouve qu’on peut faire plein de choses et avoir des enfants. »
Promo 2009 - Grégory Kuchcinski, 29 ans
Interne, radiologie, CHU de Lille
Originaire du Nord de la France, Grégory Kuchcinski terminera son internat cet été, à Lille. Au mois de novembre prochain, il débutera un clinicat en neuroradiologie, toujours au CHU lillois avec l’espoir de poursuivre une carrière hospitalo-universitaire et de se consacrer à la recherche et à l’enseignement. « Au moment de choisir ma spécialité, j’hésitais entre neurologie et radiologie. Là, je vais concilier mes deux passions », raconte le jeune homme qui a suivi un Master 2 à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, dans les services des Prs Meder et Oppenheim. Comment a-t-il vécu ce succès aux ECN ? « C’est surtout une reconnaissance de toutes ces années de travail, se souvient Grégory. Mais cela n’a pas changé grand-chose à mon internat. Ça m’a peut-être aidé pour faire un Master. » Mais le jeune homme a toujours vécu cela avec recul et modestie. « À chaque étape, vous devez refaire vos preuves, rien n’est définitivement acquis. »
Promo 2010 - Clémence Dufour, 29 ans
Interne, radiologie, Hospices civils de Lyon
Dans quelques mois, Clémence Dufour en aura fini avec son internat. La jeune femme a décroché un poste d’assistant chef de clinique en radio-pédiatrie aux Hospices civils de Lyon, dans sa ville d’origine. La suite ? « Je devrais avoir un poste dans l’hôpital que je voulais, pour faire ce que j’aime, donc tout va bien » confie Clémence. Après son succès aux ECN, les sollicitations n’ont pas manqué. « On m’a proposé à plusieurs reprises une carrière universitaire. Quand vous êtes bien classé, c’est vers cela qu’on vous pousse. Mais ce n’est pas forcément ce que j’avais envie de faire, il m’a fallu un peu de temps pour le réaliser... » explique la jeune interne qui reconnaît que le fait d’avoir un petit garçon a beaucoup influencé son choix. Comment a-t-elle vécu son statut de major ? « Au début, ce n’est pas facile, répond Clémence. On s’attend à ce que vous soyez au dessus. Pourtant, quand on commence l’internat, on est comme tout le monde : on vient de passer 6 ans sur des études plutôt théoriques mais en pratique, on est novice. Heureusement, ça s’estompe très vite... et les gens finissent par ne plus faire de différence. »
Promo 2011 - Noémie Gensous, 27 ans
Interne, médecine interne, Bordeaux
Noémie Gensous poursuit sa quatrième année d’internat dans le service de gériatrie de l’hôpital Pellegrin du CHU de Bordeaux. « L’année prochaine, je fais un master de recherche en immunologie, puis il me restera une dernière année d’internat » précise la jeune femme. Et après ? Noémie Gensous avoue qu’elle n’a pas encore tranché. « A priori, ce sera plutôt la clinique que la recherche pure. » Quant à sa réussite aux ECN, elle reconnaît que « c’était un peu inattendu, ça fait plaisir. Mais ça n’a pas changé grand chose pour moi, même si ça permet de choisir la spé qu’on veut dans la ville qu’on veut et d’être toujours le premier à choisir les stages. »
Promo 2012 - Clémence Lepelletier, 27 ans
Interne, dermatologie, Paris
« J’aimerais être dermatologue, mais je n’ai pas de plan de carrière bien défini. La seule certitude, c’est que je reste à Paris, où se déroule ma vie. » Clémence Lepelletier n’a pas encore d’idée arrêtée lorsqu’elle découvre qu’elle est major de sa promotion aux ECN. À l’époque, la jeune femme raconte au « Quotidien » qu’elle a eu « beaucoup de chance le jour J » pour décrocher la première place sur 8 267 candidats.
Promo 2013 - Gauthier Eloy, 26 ans
Interne, chirurgie générale
Depuis le lycée, il voulait devenir médecin. En décrochant la première place aux ECN 2013, Gauthier Eloy a concrétisé son rêve d’une belle manière. Pour en arriver là, le jeune homme a méthodiquement planifié son programme de révision tout au long de ses études. « Pendant les trois mois qui ont précédé le concours, je travaillais tous les jours... et tous les soirs » racontait Gauthier Eloy, peu après l’annonce des résultats des ECN en 2013. À l’issue des épreuves, le jeune homme choisissait la chirurgie, une spécialité qu’il a découverte au fil de ses stages.
Promo 2014 - Juliette Hugo, 25 ans
Interne, Ophtalmologie, Aix-Marseille
Elle espérait terminer dans les 500 premières, Juliette Hugo décrochera finalement la première place, ce qui lui a permis de choisir sa spécialité d’internat : ophtalmologie à Marseille. À l’issue des résultats, la jeune femme confiait au « Quotidien » avoir bûché dur. « La dernière année, j’ai eu de grosses journées de révisions, expliquait la jeune Marseillaise. Je n’ai pas pris de congés. Je n’ai fait que relire mes cours. J’ai fait des fiches sur tous mes cours. Et 6 dossiers sur 10, je les avais révisés la semaine précédente. » Près de douze heures de travail quotidien. Et un peu de sport pour se vider la tête. « J’allais courir tous les jours. »
Promo 2015 - Julien Vibert, 24 ans
Futur interne, Paris
Coupler médecine et recherche, c’est l’ambition de ce jeune homme de 24 ans. Major de la dernière édition des ECN, Julien Vibert s’est confié au « Quotidien » après l’annonce des résultats. « J’ai besoin de reprendre mes esprits. Je suis surpris, ça me paraît être un rêve inaccessible. Mes parents n’y croient toujours pas » raconte l’étudiant qui a choisi de se tourner vers l’oncologie. « Ce qui m’intéresse, c’est la recherche sur le cancer », explique-t-il. Son prochain objectif ? Passer le permis, une étape qui lui semble « difficile ».
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