Les centres hospitaliers (CH) vont-ils manquer d'internes à compter du 1er novembre, avec l'entrée en vigueur de la réforme du 3e cycle des études médicales ?
Les conférences nationales des directeurs et des présidents des commissions médicales d'établissements de CH ont récemment tiré la sonnette d'alarme, dans un courrier commun à la ministre de la Santé. Ils redoutent le « transfert important des stages d'internes de médecine générale vers les cabinets ambulatoires » et la « concentration des internes des autres spécialités dans les CHU ».
Cette prise de position fait réagir les généralistes enseignants. « Nous comprenons l'inquiétude des services hospitaliers, ces changements interviennent dans un contexte tendu des hôpitaux », confie au « Quotidien » le Dr Anas Taha, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG). Mais le praticien ne partage pas la thèse selon laquelle les établissements pourraient subir une baisse drastique du nombre d'internes. « Les effectifs d'internes formés ont considérablement augmenté ces dernières années », affirme le Dr Taha.
Selon une récente étude de la DREES (ministère de la Santé), le nombre d'internes affectés après les ECN est passé de 3 368 en 2004 à 8 477 en 2015. Ce dernier résultat avait même été particulièrement élevé, les étudiants ayant très majoritairement pris un poste pour éviter de passer les premières épreuves classantes nationales informatisées en 2016. Après la dernière procédure de choix, près de 8 000 internes prendront un poste au 1er novembre, soit près de 300 de plus qu'en 2016. « Il n'y aura pas de manque d'internes, assure le Dr Taha, les hôpitaux ont eu le temps de voir arriver la réforme. »
Des services dépendants des internes
Selon le patron du SNEMG, certains services hospitaliers seraient aujourd'hui organisés en fonction du nombre des médecins en formation et seraient trop dépendants de leur présence. L'enseignant se dit surpris d'entendre que « la permanence des soins pourrait être mise à mal car il y aurait moins d'internes pour faire le job ».
« L'exercice de la médecine générale est avant tout ambulatoire et il est normal d'encourager les stages en ambulatoire pour pousser les futurs généralistes à s'installer en libéral, analyse le Dr Taha. Cette évolution ne doit pas être perçue comme une catastrophe. »
La réforme du 3e cycle prévoit que tous les internes de médecine générale devront réaliser au moins deux stages en médecine de ville pendant leur DES alors qu'actuellement seul un futur généraliste sur deux réalise un SASPAS (stage en autonomie supervisée).
L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) est également favorable à cette ouverture des stages en médecine de ville. « L'internat n'est pas là pour faire tourner les hôpitaux, c'est le caractère formateur et pédagogique qui doit présider à l'ouverture des postes », affirme son porte-parole Stéphane Bouxom. Les associations locales d'internes sont prêtes à discuter avec les hôpitaux pour voir comment maintenir des postes d'internat et améliorer l'accueil des futurs médecins et le caractère formateur de leur stage, assure-t-il.
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